– Commercial –
Depuis octobre 2019, le Liban traverse une crise économique sans précédent, qualifiée par la Banque mondialecomme l’une des pires récessions depuis 1850. Les dépôts bancaires, estimés à 170 milliards de {dollars} fin2018, ont été au cœur de cet effondrement, révélant un schéma de Ponzi systémique orchestré par les banquescommerciales et la Banque du Liban (BDL). Je vous proposer d’analyser l’évolution des dépôts nominaux (montantsbruts) et réels (valeurs ajustées) sur 2019-2024, intégrant la dévaluation monétaire, l’inflation, les restrictions surles retraits, et les pertes bancaires. Cette analyse met également en lumière le refus des banques libanaises de restructurerle secteur en 2020, minimisant leurs pertes à 20 milliards USD contre une estimation du FMI de 73 milliardsUSD. L’objectif est de quantifier cet effondrement avec des calculs précis et d’évaluer ses implications.
Cadre conceptuel : Nominal vs Réel et Parité Monétaire
Les dépôts nominaux sont les valeurs brutes des bilans, incluant capital et intérêts au taux officiel de 1 507,5 LBP/USD jusqu’en 2023. Les dépôts réels ajustent pour les intérêts excessifs, la dévaluation réelle (marché parallèle), l’inflation, et les pertes. La parité nominale (taux officiel) diverge de la parité réelle, reflet du pouvoir d’achat, atteignant ~100 000 LBP/USD en 2024, accentuant l’écart entre chiffres affichés et réalité.
Données initiales et méthodologie
- Dépôts nominaux 2018 : 170 milliards USD (141 USD, 29 LBP à 1 507,5 LBP/USD).
- Période 2019-2024 : Chute à 88,39 milliards USD en 2024, pertes estimées à 72 milliards USD (Département d’État US, 2024).
- Paramètres :
- Parité réelle : 3 000 LBP/USD (2018), 15 000 (2020), 100 000 (2024).
- Inflation : 26 % cumulée pré-2019, >98 % perte LBP post-2019 (ex. 221 % en 2023).
- Intérêts excessifs pré-2019 : USD 7 %, LBP 10 %, BDL 12 % (6 ans, 2013-2018).
- Recyclage BDL : 75 % à 15 %.
- Ponzi/Fraude : 10 % fictifs (17 milliards USD), 7,5 % fraude.
- Retraits : Restrictions (~400 USD/mois, taux 2 000-15 000 LBP/USD).
Analyse par étapes : Calculs détaillés 2019-2024
Pré-crise (fin 2018)
- Nominal : 170 milliards USD.
- Réel (parité réelle 3 000 LBP/USD) :
- Ajustement LBP : 29 × (1 507,5 / 3 000) = 29 × 0,5025 = 14,62 milliards USD.
- Whole ajusté : 141 + 14,62 = 155,62 milliards USD.
- Intérêts excessifs :
- Recyclés (75 %) : 155,62 × 0,75 = 116,72 milliards USD.
- Excès BDL : 15 % – 3 % = 12 %, (1 + 0,12)^6 = 1,9749.
- Réel = 116,72 / 1,9749 = 59,11 milliards USD.
- Non recyclés USD : 141 × 0,25 = 35,25 milliards USD.
- Excès : 10 % – 3 % = 7 %, (1 + 0,07)^6 = 1,5007.
- Réel = 35,25 / 1,5007 = 23,49 milliards USD.
- Non recyclés LBP : 14,62 × 0,25 = 3,66 milliards USD.
- Excès : 15 % – 5 % = 10 %, (1 + 0,10)^6 = 1,7716.
- Réel = 3,66 / 1,7716 = 2,07 milliards USD.
- Whole avant inflation : 59,11 + 23,49 + 2,07 = 84,67 milliards USD.
- Inflation (2013-2018) :
- LBP : 2,07 × (1 – 0,26) = 2,07 × 0,74 = 1,53 milliard USD.
- USD : 82,6 × (1 – 0,09) = 82,6 × 0,91 = 75,17 milliards USD.
- Whole après inflation : 75,17 + 1,53 = 76,70 milliards USD.
- Ponzi : 10 % de 170 = 17 milliards USD, 76,70 – 17 = 59,70 milliards USD.
- Fraude : 7,5 % de 155,62 = 11,67 milliards USD, 59,70 – 11,67 = 48,03 milliards USD.
- Fourchette : Variations (recyclage 70-80 %, fictifs 5-10 %) donnent 45-65 milliards USD (26-38 % du nominal).
2019 : Début de la crise
- Nominal : 172,35 milliards USD (juillet 2019, estimation basée sur données disponibles).
- Événements : Restrictions octobre (2 000 LBP/USD vs marché 3 000), chute des entrées.
- Parité réelle : ~15 000 LBP/USD (2020).
- LBP : 29 × (1 507,5 / 15 000) = 29 × 0,1005 = 2,91 milliards USD (perte de 11,71 milliards USD vs 14,62).
- Calcul réel :
- Base : 48,03 milliards USD.
- LBP réel : 2,91 milliards USD.
- USD réel preliminary : 48,03 – 2,07 (LBP non ajusté) + 14,62 = 60,56 milliards USD, ajusté à 45-65 milliards USD.
- Retraits : 5 % de 141 = 7,05 milliards USD nominaux, taux 2 000 vs 3 000 = 33 % conservé, 7,05 × 0,33 = 2,33 milliards USD, perte = 4,72 milliards USD.
- Réel : 45-65 – 4,72 = 40,28-60,28 ≈ 40-60 milliards USD.
2020-2022 : Accélération de la dévaluation
- Nominal : ~150 milliards USD (fin 2020, hypothèse basée sur déclin progressif).
- Parité réelle : 15 000 LBP/USD (2021), LBP à 2,91 milliards USD.
- Inflation : 580 % cumulée (Wikipedia), LBP perd >90 %.
- Retraits : Taux imposé 15 000 LBP/USD vs marché 60 000 (2022), perte 75 % (15 000 / 60 000 = 0,25).
- Opposition des banques à la restructuration :
- En 2020, les banques libanaises refusent toute restructuration du secteur, minimisant leurs pertes à 20 milliards USD, contre une estimation du FMI de 73 milliards USD pour les pertes financières totales (incluant BDL et secteur bancaire).
- Ce refus bloque les réformes demandées par le FMI, dont une recapitalisation et un « bail-in » des actionnaires, exacerbant la crise.
- Calcul :
- Base : 40-60 milliards USD.
- LBP : 2,91 × (1 – 0,90) = 0,29 milliard USD.
- USD : Retraits 20 % de 141 = 28,2 milliards USD, conservé = 28,2 × 0,25 = 7,05 milliards USD, perte = 21,15 milliards USD.
- Réel : 40-60 – 21,15 + 0,29 (LBP) = 19,14-39,14 ≈ 19-39 milliards USD.
2023-2024 : Effondrement whole
- Nominal 2024 : 88,39 milliards USD, 87,73 USD, LBP ~0,66 milliard USD.
- Parité réelle : 100 000 LBP/USD, LBP : 29 × (1 507,5 / 100 000) = 0,44 milliard USD.
- Pertes : 72 milliards USD (banques), perte nominale : 170 – 88,39 = 81,61 milliards USD.
- Calcul :
- Base : 19-39 milliards USD.
- LBP : 0,44 milliard USD.
- USD : Retraits totaux 50 % de 141 = 70,5 milliards USD, conservé = 70,5 × 0,25 = 17,63 milliards USD, perte = 52,87 milliards USD.
- Réel : 45-65 (2018) – 52,87 + 0,44 = 12,57-42,57 ≈ 13-43 milliards USD.
- Fourchette : Alignée sur 11,81 milliards USD liquidités estimées, possible 15-25 milliards USD.
Le schéma de Ponzi : Évolution et ampleur
Pré-2019 : Ponzi bicouche (banques 10-15 %, BDL 15-20 %) basé sur nouveaux {dollars}. Submit-2019 :
- Arrêt des flux : Crise stoppe les entrées, exposant l’insolvabilité.
- Refus de restructuration : En 2020, les banques sous-estiment leurs pertes à 20 milliards USD, loin des 73 milliards USD estimés par le FMI, bloquant les réformes et prolongeant la crise.
- Écart : 170 – (13-43) = 127-157 milliards USD (75-92 % du nominal).
- Composantes :
- Intérêts excessifs : 40-50 milliards USD (pré-2019).
- LBP dévalués : 28,5 milliards USD (14,62 à 0,44).
- USD perdus : 60-70 milliards USD (retraits, insolvabilité).
Implications économiques
- Liquidités 2024 : 11,81 milliards USD, chute >75 % des réels.
- Dollarisation : Économie dollarisée, accès limité aux « recent {dollars} ».
- Pauvreté : >70 % sous le seuil (GJIA, 2023), pouvoir d’achat anéanti.
De 2019 à 2024, les dépôts nominaux chutent de 170 à 88,39 milliards USD, tandis que les dépôts réels s’effondrent de 45-65 à 13-43 milliards USD. En 2024, les dépôts réels, estimés à 13-43 milliards USD, ne représentent que 15-49 % des dépôts nominaux de 88,39 milliards USD, une proportion bien inférieure aux 26-38 % observés en 2018 (45-65 sur 170), témoignant d’une érosion drastique des fonds réellement disponibles. Le refus des banques en 2020 de restructurer, minimisant leurs pertes à 20 milliards USD contre 73 milliards USD estimés par le FMI, a aggravé cet effondrement. La parité réelle (100 000 LBP/USD) et les pertes (72 milliards USD) confirment un schéma de Ponzi insoutenable, où moins de 25 % des fonds initiaux subsistent.
Conséquences pour la récupération des fonds par les déposants en 2024
Avec des dépôts réels à 13-43 milliards USD contre 88,39 milliards USD nominaux, les déposants ne peuvent espérer récupérer qu’une fraction de leurs avoirs. Les restrictions limitent les retraits à 400 USD/mois à des taux désavantageux (ex. 15 000 LBP/USD vs 100 000 au marché noir), soit une perte de valeur réelle >85 %. Les dépôts en LBP, dévalués à 0,44 milliard USD, sont quasi irrécupérables. Pour les USD, seuls 11,81 milliards USD de liquidités subsistent, suggérant un « haircut » effectif de 75-90 % sur les montants nominaux restants, rendant la récupération intégrale unattainable sans restructuration ou aide internationale, bloquées par l’inaction bancaire et gouvernementale. En comparaison, si les banques avaient collaboré en 2019, avec des dépôts réels à 40-60 milliards USD et une parité réelle encore gérable (3 000-15 000 LBP/USD), une restructuration (ex. « bail-in » et recapitalisation) aurait pu préserver 50-75 % des fonds (20-45 milliards USD), contre 15-25 milliards USD en 2024, soit une perte évitable de 5-30 milliards USD pour les déposants.
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