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Le 1er septembre 1920 est une date qui marque un tournant dans l’histoire du Liban. Ce jour-là, le général Henri Gouraud, représentant de la France, proclama la création du Grand Liban à Beyrouth, élargissant ainsi les frontières du Mont-Liban pour inclure de nouvelles régions comme la Békaa, le Akkar, le Sud et les villes côtières de Tripoli, Saïda, et Tyr. Cette proclamation est considérée comme l’acte fondateur du Liban moderne tel que nous le connaissons aujourd’hui. Cependant, cette date symbolique, autrefois célébrée avec ferveur, est aujourd’hui largement oubliée. Pour comprendre cette évolution, il est essentiel de replacer la proclamation du Grand Liban dans son contexte historique, et d’examiner les visions concurrentes pour la région, notamment les projets de la Grande Syrie et du Grand Israël, qui ont alimenté les antagonismes géopolitiques au Levant.
Le Contexte de la Création du Grand Liban
À la fin de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman, qui contrôlait le Levant depuis des siècles, s’effondre, laissant un vide politique que les puissances européennes s’empressent de combler. Les accords Sykes-Picot de 1916, signés en secret entre la France et le Royaume-Uni, redessinent les frontières du Moyen-Orient, divisant la région en zones d’affect sous mandat. Le Liban, alors connu sous le nom de Mont-Liban, est placé sous mandat français par la Société des Nations en 1920. La France, qui avait des liens historiques avec les chrétiens maronites du Mont-Liban, souhaitait créer un État où ces derniers pourraient prospérer et où la présence française serait consolidée.
Cependant, la création du Grand Liban répondait également à des nécessités économiques et géostratégiques. Le Mont-Liban, avant 1920, était une région montagneuse, pauvre en ressources naturelles et souffrant de surpopulation. Les nouveaux territoires intégrés au Grand Liban, tels que la Békaa et les côtes méditerranéennes, apportaient des terres agricoles fertiles, des ports commerciaux, et un accès aux ressources naturelles, notamment l’eau. Ces ajouts devaient assurer l’autosuffisance économique du nouvel État.
La Proclamation du Grand Liban
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Le 1er septembre 1920, le général Gouraud proclame la création du Grand Liban lors d’une cérémonie officielle à la résidence des Pins à Beyrouth. Cette proclamation symbolise non seulement la naissance d’un nouvel État, mais aussi l’affirmation du pouvoir français sur le Levant. Le drapeau libanais, inspiré des armoiries de la famille de Fakhreddine II avec le fameux cèdre vert, est alors présenté pour la première fois.
Pour les maronites et d’autres chrétiens, ce jour est accueilli avec enthousiasme. Il représente la réalisation d’un rêve d’autonomie et de safety sous l’égide d’une grande puissance européenne. Cependant, pour les musulmans sunnites, notamment ceux de Beyrouth et de Tripoli, cette proclamation est vue avec suspicion et ressentiment, automotive elle signifie l’inclusion forcée dans un État perçu comme étant fondamentalement chrétien et pro-occidental.
Les Célébrations du 1er Septembre
Dans les premières décennies suivant la proclamation, le 1er septembre est célébré avec ferveur comme la fête nationale par excellence. C’était une journée de grande significance, marquée par des parades militaires, des cérémonies officielles, et des festivités populaires. Les écoles, les administrations, et les commerces fermaient leurs portes pour permettre aux citoyens de participer aux célébrations. Les gouverneurs et les cooks religieux prononçaient des discours rappelant l’significance de cette date pour l’identité nationale libanaise.
Les festivités s’étendaient souvent à travers le pays, avec des manifestations culturelles et des événements rappelant la diversité et l’unité du Liban. Des processions étaient organisées pour honorer les pionniers de l’indépendance libanaise, et des prières pour la prospérité du pays étaient récitées dans les mosquées, les églises et les synagogues, symbolisant la coexistence des différentes communautés.
Le Déclin et l’Oubli Progressif
Avec le temps, cependant, les célébrations du 1er septembre ont commencé à perdre de leur significance. Plusieurs facteurs ont contribué à ce déclin. D’abord, la guerre civile libanaise, qui a éclaté en 1975, a fragmenté la société libanaise. Pendant cette période de conflit intense, les divisions confessionnelles se sont exacerbées, rendant difficile la célébration d’un événement qui symbolisait l’unité nationale sous le mandat français. Les priorités du pays se sont recentrées sur la survie et la reconstruction, reléguant les commémorations nationales au second plan.
De plus, après la fin de la guerre en 1990, la nouvelle configuration politique du Liban a privilégié d’autres fêtes nationales, telles que le 22 novembre, jour de l’indépendance, qui a pris une signification plus forte dans le contexte post-colonial. Le 1er septembre, jour de la proclamation du Grand Liban, a fini par être perçu par une partie de la inhabitants comme un rappel d’une période de domination étrangère plutôt que comme une célébration de l’identité libanaise.
La dernière fois que le 1er septembre a été célébré comme jour férié remonte aux années 1990. Depuis lors, cette date est progressivement tombée dans l’oubli, au level qu’elle n’est plus officiellement reconnue comme un jour férié. Cette absence dans le calendrier des commémorations nationales reflète une transformation des repères identitaires et historiques du pays, où la mémoire de la proclamation du Grand Liban s’estompe face à d’autres enjeux politiques locaux et régionaux et sociaux.
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