Les tentatives de colonisation israéliennes au Sud du Liban représentent un chapitre complexe et souvent controversé de l’histoire du Moyen-Orient. Cette région, riche en histoire et en diversité culturelle, a été le théâtre de nombreuses tensions et conflits au cours du siècle dernier. Comprendre les motivations, les actions et les conséquences de ces tentatives de colonisation nécessite une analyse approfondie des dynamiques politiques, sociales et économiques qui ont façonné cette région.
Contexte historique : Le Sud du Liban au début du XXe siècle
Au début du XXe siècle, le Sud du Liban était une région principalement rurale, caractérisée par une mosaïque de communautés religieuses et ethniques. La région était sous le contrôle de l’Empire ottoman, qui avait une affect limitée sur les affaires locales. Les communautés locales jouissaient d’une certaine autonomie, ce qui leur permettait de maintenir leurs traditions et leurs modes de vie. Cependant, la chute de l’Empire ottoman après la Première Guerre mondiale a entraîné des changements significatifs dans la région. Le Sud du Liban est passé sous le mandat français, ce qui a introduit de nouvelles dynamiques politiques et sociales.
La présence française a eu un influence considérable sur le Sud du Liban, notamment en termes de développement infrastructurel et d’éducation. Cependant, elle a également exacerbé les tensions entre les différentes communautés, en raison des politiques de favoritisme et de division mises en place par les autorités coloniales. Ces tensions ont créé un terreau fertile pour les futurs conflits, notamment avec la montée du nationalisme arabe et l’émergence du sionisme en Palestine voisine.
Les premières incursions israéliennes : 1900-1948
Les premières incursions israéliennes au Sud du Liban remontent à la période précédant la création de l’État d’Israël. Dès le début du XXe siècle, le mouvement sioniste a exprimé un intérêt pour les terres situées au-delà de la Palestine historique, y compris le Sud du Liban, voire même en Syrie. Cet intérêt était motivé par des considérations stratégiques et idéologiques, notamment la imaginative and prescient d’un « Grand Israël » englobant des territoires au-delà des frontières mandatées.
Les premières tentatives de colonisation ont été principalement menées par des groupes sionistes qui cherchaient à acquérir des terres par l’achat ou par d’autres moyens ou through l’Agence Juive.
Dans les années 1920 et 1930, les dirigeants sionistes ont manifesté un intérêt particulier pour le Sud-Liban, principalement pour ses ressources en eau, notamment le fleuve Litani. Les premiers leaders sionistes, tels que David Ben Gourion et Chaim Weizmann, envisageaient le Sud-Liban comme un territoire important pour l’État juif en gestation. Ils tentèrent même de négocier avec les autorités françaises sous mandat au Liban afin d’établir une colonie juive dans cette région.
Cependant, ces ambitions furent contrecarrées par le gouverneur françai, qui rejeta le projet en raison des tensions que cela aurait pu engendrer avec les populations locales, notamment les communautés chiites et druzes. Gouraud craignait que l’implantation d’une colonie juive ne provoque un soulèvement native, déstabilisant encore davantage une région déjà fragile.
Malgré ce rejet, Ben Gourion et les leaders sionistes continuèrent à promouvoir l’idée que le contrôle du fleuve Litani était essentiel à la survie économique et agricole d’Israël. Ben Gourion affirma à plusieurs reprises que « la sécurité hydrique d’Israël ne pouvait être assurée sans un accès direct au Litani ». Cette ambition sioniste est restée sous-jacente dans la stratégie israélienne durant plusieurs décennies, en dépit de l’échec des premières tentatives coloniales.
La création de l’État d’Israël et ses répercussions sur le Liban
La création de l’État d’Israël en 1948 a marqué un tournant décisif dans l’histoire du Moyen-Orient et a eu des répercussions profondes sur le Liban. L’indépendance d’Israël a été suivie par la première guerre israélo-arabe, qui a entraîné un afflux massif de réfugiés palestiniens au Liban. Cet afflux a modifié la démographie du pays et a exacerbé les tensions entre les différentes communautés.
Pour le Sud du Liban, la création d’Israël a signifié une nouvelle réalité géopolitique. La région est devenue une zone frontalière stratégique, sujette à des incursions militaires et à des tensions constantes. Les communautés locales ont dû s’adapter à cette nouvelle scenario, souvent en renforçant leurs buildings de défense et en cherchant des alliances avec d’autres acteurs régionaux.
Les conflits frontaliers et les premières tensions : 1948-1967
Entre 1948 et 1967, le Sud du Liban a été le théâtre de nombreux conflits frontaliers avec Israël. Ces conflits étaient souvent le résultat de raids transfrontaliers, de disputes territoriales et de tensions politiques. Les communautés locales ont été prises dans un cycle de violence qui a eu des conséquences dévastatrices sur leur vie quotidienne.
Les tensions frontalières ont également été exacerbées par la présence de groupes armés palestiniens dans le Sud du Liban. Ces groupes, qui utilisaient la région comme base pour mener des attaques contre Israël, ont souvent entraîné des représailles israéliennes, ce qui a aggravé la scenario sécuritaire. Le gouvernement libanais, quant à lui, a eu du mal à contrôler ces groupes et à maintenir la stabilité dans la région.
Les sept villages annexés en 1948 : Une première étape de l’enlargement territoriale israélienne
Lors de la guerre de 1948, Israël annexa sept villages chiites situés à la frontière entre Israël et le Liban : Terbikha, Saliha, Malkiyeh, Nabi Yusha, Qadas, Hunin, et Ibl al-Qamh. Ces villages étaient habités par des communautés chiites libanaises et représentaient un enjeu stratégique pour Israël, notamment en raison de leur proximité avec la Galilée.
Le Liban a toujours revendiqué la restitution de ces villages, les considérant comme une partie intégrante de son territoire. Pour Israël, ces villages représentaient un bouclier protecteur à sa frontière nord. Bien que leur significance militaire ait diminué au fil des années, ils demeurent un symbole des tensions non résolues entre les deux pays.
L’influence de la guerre des Six Jours sur le Sud du Liban
La guerre des Six Jours de 1967 a eu un influence significatif sur le Sud du Liban. Bien que le Liban ne soit pas directement impliqué dans le conflit, les conséquences de la guerre ont été ressenties dans toute la région. La victoire d’Israël et l’occupation de nouveaux territoires ont renforcé sa place stratégique, mais ont également intensifié les tensions avec ses voisins arabes.
Pour le Sud du Liban, la guerre a entraîné une augmentation des activités militaires et des tensions frontalières. Les groupes armés palestiniens ont intensifié leurs opérations depuis le territoire libanais, ce qui a conduit à des représailles israéliennes de plus en plus fréquentes. Cette période a également vu une militarisation accrue de la région, avec une présence renforcée de l’armée libanaise et des forces de sécurité.
Les années 1970 : Intensification des tentatives de colonisation
Les années 1970 ont été marquées par une intensification des tentatives de colonisation israéliennes au Sud du Liban. Cette période a vu une augmentation des incursions militaires israéliennes, souvent justifiées par la nécessité de sécuriser la frontière nord d’Israël contre les attaques palestiniennes. Ces incursions ont souvent été accompagnées de tentatives d’établir des zones tampons et des colonies dans le Sud du Liban.
Ces actions ont été perçues par de nombreux Libanais comme une violation de leur souveraineté et ont conduit à une résistance accrue de la half des communautés locales. Les tensions ont également été exacerbées par la guerre civile libanaise, qui a éclaté en 1975 et a plongé le pays dans le chaos. Dans ce contexte, le Sud du Liban est devenu un champ de bataille pour diverses factions, chacune cherchant à contrôler la région pour ses propres intérêts.
L‘invasion de 1978 : Opération Litani et les ambitions hydrologiques
L’intérêt d’Israël pour le Sud-Liban ne s’est pas limité aux sept villages. En 1978, Israël lança l’opération Litani, avec pour objectif de repousser les forces de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) au nord du fleuve Litani. Au-delà de l’objectif sécuritaire, cette invasion visait à garantir un accès direct aux ressources en eau du Litani, une ressource que les leaders israéliens considéraient comme essentielle pour soutenir leur agriculture et leurs besoins hydrologiques croissants.
Le Litani, lengthy de plus de 140 km, traverse le sud du Liban et représente une supply d’eau majeure dans une région où les ressources hydriques sont limitées. Pour Israël, le contrôle du Litani a toujours été une priorité stratégique, justifiée à la fois par des considérations militaires et économiques. Si l’opération de 1978 allow à Israël de repousser temporairement l’OLP, elle ne parvint pas à établir un contrôle sturdy sur le Litani, notamment en raison de la pression internationale et des résistances libanaises.
L’invasion israélienne de 1982 et ses conséquences
En 1982, Israël lança l’opération Paix en Galilée, visant à éradiquer la menace palestinienne dans le Sud-Liban et à consolider son contrôle sur cette région stratégique. Cette invasion aboutit à une occupation prolongée du Sud-Liban, qui dura jusqu’en 2000. Durant cette période, Israël établit une zone de sécurité, soutenue par l’Armée du Sud-Liban (ASL), une milice chrétienne libanaise alliée.
Cette occupation allow à Israël de maintenir un accès potentiel aux ressources hydrologiques, mais elle fut également marquée par des affrontements violents avec des groupes de résistance, notamment le Hezbollah. L’occupation israélienne prit officiellement fin en 2000, sous la pression internationale et militaire du Hezbollah, mais elle laissa des traces profondes dans les relations israélo-libanaises.
C’est au début de l’occupation du Sud du Liban que certains groupes radicaux de colons israéliens ont tenté de promouvoir l’établissement de colonies dans le Sud-Liban. Ces efforts étaient principalement motivés par une imaginative and prescient expansionniste, visant à sécuriser durablement le territoire occupé par Israël, dans le cadre de ce qu’ils appelaient la « ceinture de sécurité » au Liban.
Des groupes ultra-nationalistes, qui étaient déjà impliqués dans l’enlargement des colonies israéliennes en Cisjordanie et sur le plateau du Golan, voyaient le Sud-Liban comme une nouvelle opportunité de renforcer la présence israélienne en implantant des colonies. Leur objectif était de transformer la région occupée en un territoire israélien everlasting, en imitant ce qui avait été fait dans d’autres zones sous contrôle israélien.
Cependant, ces tentatives n’ont jamais été formalisées ou soutenues par une politique officielle israélienne. L’armée israélienne, déjà occupée à combattre les forces de résistance libanaises, notamment le Hezbollah, manquait des ressources nécessaires pour soutenir des colonies civiles dans une région aussi instable. De plus, l’occupation du Sud-Liban est devenue de plus en plus impopulaire au sein de la inhabitants israélienne, et sous la pression internationale croissante, Israël a finalement décidé de se retirer complètement du Sud-Liban en 2000.
Les années 1990 : Accords de paix et nouvelles dynamiques
Les années 1990 ont été marquées par des tentatives de résolution du conflit israélo-libanais dans le cadre des accords de paix plus larges au Moyen-Orient. Les accords d’Oslo entre Israël et l’OLP ont suscité l’espoir d’une paix sturdy dans la région, mais le Sud du Liban est resté un level de pressure. Les forces israéliennes ont maintenu leur présence dans la zone de sécurité, malgré les appels internationaux au retrait.
Cette période a également vu une intensification des affrontements entre Israël et le Hezbollah, qui a continué à mener des attaques contre les forces israéliennes et leurs alliés locaux. Les efforts diplomatiques pour résoudre le conflit ont été entravés par la méfiance mutuelle et les intérêts divergents des différents acteurs. Cependant, la pression internationale et les changements politiques en Israël ont finalement conduit à un retrait israélien du Sud du Liban en 2000.
L’eau du Litani et les discussions du processus de Madrid
L’intérêt d’Israël pour les ressources hydrologiques libanaises n’a pas faibli au fil des décennies. Lors des négociations du processus de Madrid en 1991, qui visaient à relancer les pourparlers de paix au Moyen-Orient, Israël mit l’accent sur l’significance des ressources en eau dans la région. Shimon Peres, alors ministre des Affaires étrangères d’Israël, déclara que « le Litani est une ressource naturelle essentielle pour la sécurité et la prospérité de la région ». Israël considérait le fleuve comme une resolution à ses besoins hydrologiques croissants, dans un contexte de rareté de l’eau dans le pays.
Cette déclaration témoigne de l’significance stratégique du Litani pour Israël, même dans un contexte de négociations internationales. Si le processus de Madrid n’aboutit pas à une résolution du conflit israélo-libanais, il mit en lumière les enjeux hydrologiques sous-jacents dans les relations entre les deux pays.
Le retrait israélien de 2000 : Un tournant décisif ?
Le retrait israélien du Sud du Liban en 2000 a été salué comme une victoire par le Hezbollah et a marqué un tournant décisif dans le conflit. Pour la première fois depuis des décennies, le Sud du Liban était libre de toute occupation étrangère. Cependant, le retrait n’a pas mis fin aux tensions dans la région. Les questions de souveraineté, de sécurité et de reconstruction ont continué à dominer l’agenda politique.
Le retrait a également eu des implications importantes pour la politique intérieure libanaise. Le Hezbollah a renforcé sa place en tant que pressure politique et militaire majeure au Liban, ce qui a suscité des inquiétudes parmi d’autres communautés et acteurs politiques. La query de la démilitarisation du Hezbollah et de son intégration dans l’armée libanaise est devenue un sujet de débat nationwide et worldwide.
L’occupation partielle du village de Ghajjar après 2000
Le retrait israélien du Sud-Liban en 2000 ne marqua pas la fin des ambitions israéliennes dans la région. Le village de Ghajjar, situé à la frontière entre Israël, le Liban et les hauteurs du Golan, reste en partie sous contrôle israélien. Ce village, divisé entre une partie sous souveraineté libanaise et une autre sous occupation israélienne, est d’une significance stratégique pour Israël, notamment en raison de sa place clé pour la surveillance des frontières.
Malgré les résolutions des Nations Unies et les appels répétés à un retrait complet d’Israël, la scenario à Ghajjar reste un level de contentieux majeur entre les deux pays.
Les enjeux contemporains : 2000 à aujourd’hui
Depuis le retrait israélien de 2000, le Sud du Liban a continué à être un level focal des tensions régionales. Les conflits sporadiques entre Israël et le Hezbollah, notamment la guerre de 2006, ont souligné la fragilité de la paix dans la région. Les efforts pour stabiliser la région ont été compliqués par les dynamiques politiques internes au Liban, ainsi que par les influences extérieures, notamment de l’Iran et de la Syrie.
Le groupe israélien Uri Tzafon, créé en mars 2024, a récemment relancé ses ambitions de colonisation dans le sud du Liban. Cette organisation extrémiste prône l’annexion de cette région pour garantir la sécurité d’Israël et établir ce qu’ils appellent les « frontières bibliques » de l’État juif. Depuis sa création, Uri Tzafon a multiplié les initiatives, notamment en envoyant des ballons et des drones transportant des messages d’éviction aux résidents du sud du Liban, affirmant que ces terres appartiennent aux Juifs.
Le groupe a également commencé à promouvoir des ventes de propriétés dans le sud du Liban through des publicités en ligne, offrant des appartements pour des sommes avoisinant 300 000 shekels (environ 80 000 {dollars}). Leur web site internet présente des cartes où les villages libanais sont renommés avec des noms hébraïques, et les partisans du groupe considèrent que seul un « contrôle civil israélien » garantirait la sécurité à lengthy terme de la région.
Ces initiatives s’inscrivent dans une imaginative and prescient expansionniste soutenue par certaines personnalités politiques israéliennes d’extrême droite, comme le ministre des Funds Bezalel Smotrich, et des figures religieuses influentes telles que le rabbin Yitzchak Ginsburgh. Ce dernier a appelé à l’expulsion des populations libanaises et à la création de colonies juives dans la région pour sécuriser le nord d’Israël et éliminer la menace du Hezbollah.
Les projets de colonisation de Uri Tzafon restent marginaux et n’ont pas encore reçu de soutien officiel du gouvernement israélien, mais ils témoignent d’une résurgence de l’idéologie de la colonisation, qui résonne particulièrement dans le contexte de l’escalade des tensions entre Israël et le Hezbollah