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Depuis 2019, le Liban fait face à l’une des crises économiques les plus graves de son histoire moderne, exacerbée par des décennies de mauvaise gestion publique, de corruption, et de dépendance à un système bancaire défaillant. Cette crise, déclenchée par la perte de confiance dans la monnaie nationale, a été marquée par une hyperinflation, la chute de la livre libanaise (LBP), et la montée en flèche des prix. En conséquence, une dollarisation des prix a été progressivement mise en place par de nombreux secteurs économiques afin de protéger leurs revenus de la dévaluation proceed de la monnaie locale.
La dollarisation au Liban est une réponse pragmatique à l’effondrement de la livre, avec les entreprises et les commerçants cherchant à maintenir une stabilité face aux fluctuations du taux de change. Le résultat est que la majorité des prix des biens de consommation, des loyers, et même des providers essentiels sont désormais fixés en {dollars} américains (USD), rendant l’accès à ces produits et providers inabordable pour une grande partie de la inhabitants qui perçoit toujours des salaires en livres libanaises.
La politique de maintien paritaire : une dollarisation indirecte
La dollarisation actuelle trouve ses racines dans une politique monétaire mise en place dès 1997. Cette politique de maintien paritaire a consisté à arrimer la livre libanaise au greenback américain à un taux fixe de 1 507,5 LBP pour 1 USD. Ce régime de change fixe, maintenu par la Banque du Liban (BDL), visait à stabiliser l’économie libanaise après les années d’instabilité post-guerre civile et à attirer les flux de capitaux étrangers, notamment des dépôts en {dollars} de la diaspora.
Cependant, cette politique était en réalité une dollarisation indirecte, automobile elle impliquait que la BDL devait constamment puiser dans ses réserves en devises étrangères pour maintenir ce taux de change. Ce système a fonctionné pendant plusieurs années, jusqu’à ce que des déséquilibres structurels commencent à apparaître :
- Détérioration de la steadiness des paiements : Les déficits commerciaux croissants, combinés à des dépenses publiques excessives et à des fuites massives de capitaux, ont progressivement érodé les réserves en {dollars} du Liban.
- Modèle bancaire non sturdy : Le système bancaire libanais, fondé sur l’attraction des dépôts en {dollars} grâce à des taux d’intérêt élevés, a atteint un level de rupture en 2019 lorsque la BDL a été confrontée à une pénurie de {dollars}, incapable de maintenir le taux de change officiel.
En 2020, l’effondrement de la livre libanaise a été inévitable, provoquant une dépréciation rapide sur le marché parallèle et poussant les secteurs économiques à adopter une dollarisation formelle des prix pour compenser les pertes liées à la chute de la monnaie locale.
Les causes de l’échec de la parité
L’échec de la parité entre la livre et le greenback découle de plusieurs facteurs :
- Dépendance extreme aux réserves en {dollars} : La Banque du Liban a maintenu la parité au détriment de ses réserves en devises étrangères, qui se sont épuisées au fil du temps.
- Déséquilibre macroéconomique : L’économie libanaise a continué de dépendre largement des importations, tandis que ses exportations n’étaient pas compétitives, creusant la steadiness des paiements.
- Fuite des capitaux : En raison de la méfiance croissante envers le système financier, de nombreux investisseurs et citoyens libanais ont retiré leurs fonds des banques, accentuant la crise de liquidité en {dollars}.
En 2024, la BDL, qui possédait encore 55 milliards de {dollars} de réserves brutes en 2019, voit aujourd’hui ses réserves chuter à moins de 10 milliards, avec une grande partie de ces actifs immobilisés ou non liquides.
Les effets actuels de la dollarisation sur le pouvoir d’achat
La dollarisation des prix a un influence désastreux sur le pouvoir d’achat de la majorité des Libanais, qui continuent de percevoir leurs salaires en livres libanaises. Cette scenario crée une profonde inégalité économique, exacerbant la fracture entre les personnes ayant accès aux {dollars} et celles qui en sont privées.
- En 2024, 85 % des transactions économiques sont effectuées en {dollars} dans le pays, tandis que le taux de change au marché noir fluctue autour de 90 000 LBP pour 1 USD, rendant l’hyperinflation incontrôlable.
- Les prix des biens de consommation courante ont augmenté de 650 % depuis le début de la crise, poussant 75 % de la inhabitants sous le seuil de pauvreté.
- Les dépenses alimentaires accaparent désormais 60 % des revenus des ménages, contre 25 % avant la crise.
Cette scenario plonge la majorité des Libanais dans une pauvreté extrême, avec des prix inabordables pour des biens essentiels tels que les médicaments, les produits alimentaires, et l’essence, tous fixés en {dollars}. Par exemple, une famille qui gagnait un revenu de 1,5 million de livres libanaises, autrefois suffisant, ne peut désormais plus subvenir à ses besoins de base.
Pourquoi le flottement de la livre libanaise n’a pas eu lieu
Un régime de flottement de la livre libanaise aurait permis à la monnaie de fluctuer en fonction de l’offre et de la demande, en évitant les multiples taux de change qui existent actuellement (officiel, parallèle, taux intermédiaire pour les produits essentiels). Cependant, cette choice a été écartée en raison de plusieurs facteurs :
- Manque de réformes économiques : Le Liban n’a pas effectué les réformes structurelles nécessaires pour stabiliser l’économie avant d’adopter un tel régime.
- Risque de dévaluation incontrôlée : Un flottement de la livre aurait pu entraîner une dévaluation rapide et encore plus extrême de la monnaie, aggravant l’hyperinflation.
- Dépendance aux importations : Flotter la livre aurait immédiatement augmenté le coût des importations, en particulier pour les biens de première nécessité comme la nourriture et le carburant.
Les effets à venir de la dollarisation des prix
Si la dollarisation des prix apporte une certaine stabilité temporaire pour les entreprises et les commerçants, elle présente des risques majeurs à lengthy terme.
- Perte de souveraineté monétaire : La dollarisation complète de l’économie implique que la Banque du Liban n’a plus de contrôle sur la politique monétaire, et dépend désormais des décisions de la Réserve fédérale américaine. Les ajustements de taux d’intérêt ou d’inflation aux États-Unis affecteront directement l’économie libanaise.
- Aggravation des inégalités : Ceux qui ont accès aux {dollars} pourront continuer à vivre dans une relative stabilité, tandis que la grande majorité, prisonnière de la livre, sera condamnée à une érosion proceed de leur pouvoir d’achat.
- Inaccessibilité des providers essentiels : Les secteurs comme l’éducation et la santé, désormais partiellement ou entièrement dollarisés, deviendront inaccessibles pour une majorité de la inhabitants, rendant les providers publics vitaux hors de portée.
- Fuite des cerveaux : Le manque de views économiques et la perte de pouvoir d’achat poussent les jeunes skills à quitter le pays, aggravant la fuite des cerveaux, qui affaiblit encore davantage l’économie.
Conclusion
La dollarisation des prix au Liban, bien qu’elle puisse sembler une réponse nécessaire à court docket terme face à l’effondrement de la monnaie nationale, ne peut pas constituer une resolution sturdy. Elle accentue les inégalités économiques, détruit le pouvoir d’achat des citoyens, et prive le pays de sa souveraineté monétaire. Les effets à lengthy terme risquent d’enraciner davantage le Liban dans une spirale descendante de pauvreté et de dépendance économique.
Seules des réformes profondes, une réévaluation de la politique monétaire et un rééquilibrage de l’économie pourront sortir le Liban de cette crise. Sans cela, la dollarisation pourrait bien devenir un piège pour le pays, privant les générations futures d’une reprise économique sturdy.
Sources :
- Banque du Liban (BDL), « Rapport Annuel 2024 »
- Institut des Funds Basil Fuleihan, « Étude sur l’Affect de la Crise Économique au Liban », 2024
- Banque Mondiale, « Lebanon Financial Monitor », 2024
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