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Un assassinat qui a bouleversé le paysage politique libanais
Le 14 février 2005, une explosion d’une uncommon violence secoue Beyrouth. Un attentat à la voiture piégée vient de tuer Rafic Hariri, determine centrale de la scène politique libanaise. L’picture de la ville en ruines, avec des débris éparpillés sur plusieurs centaines de mètres, devient rapidement le symbole d’un pays plongé dans un chaos politique et sécuritaire. Vingt ans plus tard, cet événement reste une fracture majeure dans l’histoire du Liban, une blessure encore ouverte qui proceed d’alimenter les tensions entre les différentes factions politiques et de diviser la inhabitants.
L’assassinat de Rafic Hariri ne fut pas seulement la perte d’un dirigeant influent, mais aussi le catalyseur d’un séisme politique dont les répercussions se font encore sentir aujourd’hui. Son décès a marqué un tournant, accélérant le départ des troupes syriennes du Liban après trois décennies de présence militaire. L’élan populaire né de cet attentat a provoqué des manifestations massives, réunissant des centaines de milliers de Libanais exigeant la fin de l’ingérence syrienne dans les affaires du pays. Cette imprecise de contestation a bouleversé les alliances politiques et a donné naissance à un bloc politique qui s’est défini comme l’héritier de son fight pour un Liban souverain.
La imprecise d’émotion soulevée par cet assassinat a cependant rapidement laissé place à une période d’instabilité. Les espoirs de changement ont été tempérés par une réalité politique plus complexe. Le départ de la Syrie n’a pas mis fin aux ingérences étrangères, bien au contraire. Les tensions entre les blocs pro-occidental et pro-iranien se sont accentuées, chaque camp cherchant à combler le vide laissé par l’absence d’un acteur central. Dans ce contexte, la disparition de Hariri a renforcé les divisions au lieu de permettre une véritable transition vers un État indépendant et souverain.
Si les premières années suivant son assassinat ont été marquées par une tentative de réorganisation du paysage politique libanais, les rivalités internes ont rapidement repris le dessus. Les promesses de réformes portées par ceux qui se réclamaient de son héritage se sont heurtées aux intérêts divergents des différentes factions. Le système politique, basé sur un équilibre confessionnel fragile, n’a pas permis d’avancer vers une gouvernance efficace. L’élan démocratique qui avait suivi son assassinat a été progressivement étouffé par des calculs politiques à court docket terme et par des luttes de pouvoir internes.
Aujourd’hui, vingt ans après l’explosion qui a coûté la vie à Rafic Hariri, le Liban est toujours en crise. Le pays traverse l’une des pires périodes de son histoire moderne, avec une économie en ruine, des establishments paralysées et une défiance généralisée de la inhabitants envers la classe politique. Si le memento de Hariri reste vivace dans les esprits, il est surtout associé à une époque révolue, celle d’un Liban qui croyait encore en la possibilité d’un avenir meilleur. L’attentat qui a mis fin à sa vie a aussi marqué la fin d’un sure espoir collectif.
Un tournant historique : la fin de l’occupation syrienne et les conséquences régionales
L’assassinat de Rafic Hariri a indéniablement marqué un tournant dans l’histoire du Liban, mais il a également déclenché une série d’événements qui ont dépassé les frontières du pays, influençant l’ensemble du Moyen-Orient. Si la fin de l’occupation syrienne en 2005 a été perçue comme une victoire pour ceux qui défendaient la souveraineté du Liban, elle a également provoqué une réorganisation du pouvoir en Syrie, modifiant profondément l’équilibre régional.
En chassant les troupes syriennes du Liban, cet attentat a créé un vide politique qui a affaibli le régime syrien. Pour Damas, le Liban représentait un territoire stratégique, non seulement pour des raisons économiques, mais aussi comme un espace d’affect politique et militaire permettant de peser sur la scène régionale. La Syrie y exerçait un contrôle direct, notamment à travers des alliances avec des figures politiques libanaises, mais aussi par l’entremise de providers de renseignement omniprésents.
Or, avec le départ forcé de l’armée syrienne, le pouvoir de Bachar el-Assad s’est retrouvé fragilisé. Privé d’un levier d’affect majeur, le régime syrien a dû se recentrer sur ses propres enjeux internes. Ce désengagement du Liban a paradoxalement permis la montée en puissance de factions concurrentes à l’intérieur même de la Syrie, remettant en query le management de Bachar el-Assad au sein du système hérité de son père, Hafez el-Assad.
La guerre civile syrienne, qui a éclaté en 2011, trouve en partie ses racines dans ces bouleversements. En 2005, une scission profonde se dessine au sein du pouvoir syrien. D’un côté, la nouvelle garde, incarnée par Bachar el-Assad et ses proches, tente d’imposer sa imaginative and prescient d’un État plus centralisé, basé sur des alliances stratégiques avec l’Iran et la Russie. De l’autre, l’ancienne garde, composée de hauts responsables militaires et politiques ayant servi sous Hafez el-Assad, considère que l’éviction du Liban a affaibli la Syrie et menace ses intérêts.
Cette fracture interne a joué un rôle clé dans le déclenchement des premières contestations contre Bachar el-Assad en 2011. Les tensions accumulées au sein du régime syrien ont été exploitées par des opposants de longue date, qui ont vu dans le Printemps arabe une opportunité de renverser le pouvoir. La lutte pour le contrôle du pays s’est alors accélérée, transformant un mouvement de protestation en une guerre civile de grande ampleur.
Rafic Hariri lui-même entretenait des liens complexes avec la vieille garde syrienne, notamment avec certains généraux et hommes d’affaires qui voyaient en lui un partenaire économique et politique potentiel. Avant son assassinat, il négociait avec des factions influentes du régime de Damas, qui souhaitaient limiter la mainmise de Bachar el-Assad sur le pouvoir et éviter un basculement complete vers l’axe iranien. Certains de ces hauts responsables estimaient que Hariri aurait pu être un interlocuteur privilégié pour mener une transition politique en Syrie, sans pour autant remettre en trigger l’affect syrienne au Liban.
L’une des grandes questions aujourd’hui est de savoir quel rôle joue encore cette ancienne garde dans le paysage syrien actuel. Si beaucoup de ses figures ont été écartées par Bachar el-Assad ou éliminées durant la guerre civile, certains cadres, notamment issus des providers de renseignement et de l’armée, continuent de peser dans l’ombre. Certains estiment que ces groupes pourraient être les clés d’un futur règlement politique en Syrie, à situation qu’ils trouvent un terrain d’entente avec la nouvelle élite qui a émergé durant la guerre.
Cette lutte d’affect entre la génération héritière du pouvoir sous Hafez el-Assad et celle qui a consolidé son emprise sous Bachar el-Assad rappelle en quelque sorte les tensions qui traversent encore aujourd’hui le Liban. Les alliances changent, mais les constructions du pouvoir restent profondément marquées par des rivalités anciennes, où les intérêts économiques et politiques se superposent aux questions idéologiques.
L’impression de l’assassinat de Rafic Hariri ne se limite donc pas à la scène libanaise. En provoquant un rééquilibrage des forces au sein du régime syrien, il a contribué, indirectement, à l’effondrement progressif du modèle politique établi par Hafez el-Assad. Ce bouleversement a eu des conséquences directes sur la région, notamment en rendant le régime syrien plus dépendant de l’Iran et de la Russie, tout en accélérant la dynamique de fragmentation qui a mené à la guerre civile.
Vingt ans après, le lien entre la fin de l’occupation syrienne du Liban et la chute progressive du régime de Bachar el-Assad apparaît de plus en plus évident. Si l’histoire n’est pas encore écrite, une selected est sûre : l’assassinat de Rafic Hariri a changé durablement le visage du Moyen-Orient.
Un héritage politique contrasté : entre reconstruction et crise structurelle
Rafic Hariri reste l’une des figures les plus marquantes de l’histoire politique du Liban. Son arrivée au pouvoir au début des années 1990 a marqué le début d’une période de reconstruction ambitieuse, visant à effacer les stigmates de la guerre civile et à repositionner Beyrouth comme un centre économique et financier de premier plan au Moyen-Orient. Son approche reposait sur un modèle inspiré des grandes transformations économiques observées dans le Golfe, où l’investissement étranger et les grands projets d’infrastructure devaient servir de moteur au développement.
Son plan phare, « Horizon 2000 », visait à moderniser Beyrouth et à faire de la capitale libanaise un hub régional attractif pour les entreprises et les capitaux étrangers. Des infrastructures de grande envergure ont vu le jour : la reconstruction du centre-ville, la modernisation des réseaux routiers et la relance du secteur bancaire. Pendant ses mandats, des milliards de {dollars} ont été injectés dans ces projets, transformant temporairement le paysage économique du Liban.
Cependant, ce modèle de développement s’est rapidement révélé fragile et déséquilibré. En l’absence d’une réforme fiscale et d’un contrôle efficace des dépenses publiques, la dette du pays s’est envolée. Le gouvernement a massivement emprunté pour financer ses projets, misant sur une croissance à lengthy terme qui n’a jamais atteint les niveaux espérés. Le secteur bancaire, en growth rapide sous son impulsion, a favorisé un système où l’endettement public et la spéculation financière remplaçaient l’économie productive, rendant le Liban particulièrement vulnérable aux chocs économiques.
Ce modèle a également renforcé les inégalités sociales et économiques. Tandis que certains secteurs, notamment l’immobilier et les providers financiers, ont prospéré, d’autres ont été marginalisés. L’industrie locale a souffert d’un manque d’investissements, l’agriculture est restée sous-développée et la majorité des Libanais n’a pas bénéficié directement de la croissance économique. Une partie de la inhabitants a vu dans cette politique une reconstruction élitiste, favorisant les cercles proches du pouvoir et négligeant les courses moyennes et populaires.
Le résultat a été une déconnexion croissante entre l’État et la société, avec une économie reposant sur des bases de plus en plus instables. Le système bancaire libanais, qui avait largement financé l’État sous Hariri, s’est retrouvé au cœur des crises successives qui ont frappé le pays après son assassinat. Le Liban a continué à s’endetter, incapable d’adopter des réformes structurelles pour freiner la montée de sa dette publique.
Une reconstruction financée par la dette et entachée de favoritisme
Le projet de reconstruction mené par Hariri a nécessité des milliards de {dollars} d’investissements, qui ont été en grande partie financés par des emprunts publics et des aides internationales. Si ces fonds ont permis de reconstruire Beyrouth, moderniser les infrastructures et dynamiser certains secteurs, ils ont aussi nourri un système où les contrats publics étaient attribués de manière opaque, sans véritables mécanismes de contrôle.
L’un des exemples les plus frappants de cette gestion controversée est Solidere, la société créée par Hariri pour reconstruire le centre-ville de Beyrouth. Présentée comme un projet ambitieux visant à faire renaître la capitale, Solidere a rapidement attisé les critiques, automotive son fonctionnement reposait sur l’expropriation huge de propriétaires fonciers, parfois sans indemnisation équitable, pour confier les terrains à des investisseurs privés. De nombreux observateurs ont vu dans cette opération un moyen pour Hariri et son entourage d’accaparer des ressources stratégiques sous prétexte de modernisation urbaine.
Un système de gouvernance basé sur le clientélisme
Sous Hariri, le Liban a continué à fonctionner selon un modèle où l’État était capturé par des intérêts privés, où chaque grande décision économique était influencée par des considérations politiques et communautaires. Les nominations aux postes clés de l’administration, les contrats publics et les projets d’infrastructure étaient souvent attribués en fonction des affiliations politiques plutôt que sur des critères de compétence.
En 2019 et 2020, le bilan de cette politique a explosé au grand jour. Le Liban a connu une crise économique sans précédent, marquée par l’effondrement de sa monnaie, la faillite de ses banques et l’impossibilité pour l’État de rembourser sa dette. Des manifestations de masse ont secoué le pays, dénonçant un système corrompu et incompétent. L’épargne des citoyens a été confisquée par les banques, plongeant une grande partie de la inhabitants dans la précarité.
En 2020, Saad Hariri a reconnu publiquement l’échec du modèle économique instauré par Rafic Hariri. Lors d’une déclaration officielle, il a affirmé que « le modèle de développement basé sur la dette et les grands projets n’a pas réussi à construire une économie sturdy et inclusive ». Cette prise de place, survenue dans un contexte d’effondrement économique et de contestation populaire, a marqué une rupture avec le discours traditionnellement défendu par son camp politique.
Cette déclaration était d’autant plus significative qu’elle venait confirmer ce que de nombreux économistes dénonçaient depuis des années : l’endettement massif du Liban sous Rafic Hariri avait certes permis une reconstruction rapide, mais il avait aussi posé les bases de la faillite de l’État. Les gouvernements successifs n’avaient jamais réussi à corriger les failles structurelles de l’économie libanaise, préférant perpétuer un modèle reposant sur des emprunts toujours plus importants et une dépendance aux financements étrangers.
Ce constat soulève une query fondamentale : remark le Liban peut-il se réinventer après des décennies d’erreurs économiques et de corruption ? L’héritage de Rafic Hariri, bien que synonyme de modernisation, est aussi celui d’un modèle qui a atteint ses limites. La dette abyssale du pays, les inégalités grandissantes et la défiance envers les establishments sont autant de symptômes d’un système à bout de souffle.
L’échec du modèle Hariri montre aussi l’incapacité des élites libanaises à repenser le développement du pays en dehors des logiques traditionnelles. L’économie libanaise est restée dominée par des réseaux d’affect, où l’État dépend des financements étrangers et des relations clientélistes pour assurer son fonctionnement. Le système bancaire, qui a longtemps été présenté comme un pilier de la stabilité du pays, s’est avéré être une bulle artificielle, entretenue par des flux d’argent en provenance de la diaspora et des investissements du Golfe.
Aujourd’hui, la query n’est plus seulement de savoir si l’héritage économique de Hariri a été un succès ou un échec, mais plutôt remark le Liban peut sortir du piège financier dans lequel il s’est enfermé. La reconnaissance par Saad Hariri des limites du modèle paternel est un signe que même les héritiers politiques du courant haririen sont conscients qu’un changement radical est nécessaire.
Cependant, aucun acteur politique ne semble en mesure de proposer une various crédible. Les discussions avec le Fonds monétaire worldwide (FMI) sont au level mort, les réformes guarantees depuis des années n’ont jamais été mises en œuvre et la inhabitants libanaise a perdu toute confiance dans la classe dirigeante. L’exode des jeunes diplômés et des entrepreneurs s’accélère, tandis que la livre libanaise proceed de s’effondrer, plongeant des tens of millions de Libanais dans la précarité.
Vingt ans après la disparition de Rafic Hariri, le Liban est toujours confronté aux mêmes défis : une économie en crise, des élites politiques incapables de réformer et une dépendance persistante aux financements extérieurs. L’héritage de Hariri, qui aurait pu être celui d’une modernisation réussie, est aujourd’hui perçu comme une expérience inachevée, dont les erreurs continuent de peser sur l’avenir du pays.
Un modèle qui a préparé la faillite de l’État
Les conséquences de ce système sont apparues au grand jour avec la crise économique de 2019-2020, où le Liban s’est retrouvé incapable de rembourser sa dette, et où des milliards de {dollars} d’épargne ont été bloqués dans les banques libanaises. Cette crise a été la conséquence directe de décennies de mauvaise gestion financière, où l’État fonctionnait grâce à un schéma de Ponzi basé sur l’emprunt et les promesses d’investissements étrangers.
Si Rafic Hariri n’a pas été le seul responsable de cette dérive, il a jeté les bases d’un système qui a permis sa perpétuation après sa mort. L’absence de réformes économiques structurelles sous son mandat, la faiblesse des establishments de régulation et l’omniprésence des réseaux clientélistes ont rendu le Liban incapable de résister à un choc économique lorsque les flux financiers ont commencé à se tarir.
Aujourd’hui encore, la corruption qui s’est enracinée sous Hariri proceed de paralyser le pays, rendant unimaginable toute sortie de crise sans une refonte complète du système.
Un Liban toujours sous affect étrangère : entre luttes d’alliances et blocages politiques
L’un des espoirs suscités par l’assassinat de Rafic Hariri et le départ des troupes syriennes du Liban en 2005 était la possibilité pour le pays de retrouver une souveraineté politique et de s’émanciper des ingérences extérieures. Cependant, vingt ans plus tard, le Liban reste plus que jamais un territoire où les puissances régionales et internationales exercent une affect directe sur la vie politique.
L’assassinat de Hariri, loin de marquer la fin des interventions étrangères dans les affaires libanaises, a ouvert un nouveau chapitre dans la lutte d’affect entre puissances régionales et internationales. Cette lutte s’est articulée autour de deux axes : d’un côté, l’axe pro-occidental et arabe, qui inclut les États-Unis, la France et les pays du Golfe, et de l’autre, l’axe pro-iranien et pro-syrien, dominé par l’Iran et le Hezbollah, avec l’appui stratégique de la Russie.
L’ascension du Hezbollah et le basculement vers l’Iran
Après le départ des troupes syriennes, le Hezbollah est rapidement devenu l’acteur dominant sur la scène politique libanaise, comblant le vide laissé par l’occupant syrien. En renforçant ses capacités militaires et en s’intégrant pleinement aux establishments de l’État, il a consolidé son emprise sur le pays, faisant de Beyrouth un prolongement stratégique de l’affect iranienne au Moyen-Orient.
L’Iran, qui entretenait déjà des liens étroits avec le Hezbollah, a intensifié son engagement au Liban, fournissant un soutien financier, militaire et logistique au mouvement chiite. Cette montée en puissance du Hezbollah a été facilitée par un paradoxe historique : Rafic Hariri lui-même, lors de la déclaration de son premier gouvernement en 1992, a introduit la notion « Armée, Peuple, Résistance ». Cette formule, qui est depuis devenue un pilier du discours politique au Liban, a contribué à légitimer la présence des armes du Hezbollah en les inscrivant dans une logique de défense nationale.
À l’époque, cette place s’expliquait par la volonté d’équilibrer les rapports de drive internes et de ne pas entrer en confrontation directe avec la milice chiite, qui était déjà une drive militaire importante. Hariri espérait sans doute que cette reconnaissance officielle du rôle du Hezbollah dans la « résistance » contre Israël lui permettrait d’assurer une stabilité politique en intégrant toutes les forces libanaises dans le processus de reconstruction.
Cependant, cette approche a eu des conséquences profondes sur l’évolution du Hezbollah, qui a pu se renforcer progressivement sans jamais être réellement soumis à l’autorité de l’État. Loin de désarmer après le retrait israélien du Sud-Liban en 2000, le mouvement a consolidé son arsenal et s’est imposé comme une drive parallèle à l’armée libanaise, échappant à tout contrôle institutionnel.
La reconnaissance des armes du Hezbollah par Hariri en 1992 a donc posé les bases de la montée en puissance du parti chiite, qui s’est peu à peu émancipé de la tutelle syrienne pour se rapprocher encore davantage de l’Iran. Ce rapprochement s’est accéléré après l’assassinat de Hariri en 2005, faisant du Hezbollah le principal acteur militaire et politique du pays.
Un pays divisé entre deux axes antagonistes
L’affect croissante du Hezbollah et de l’Iran a progressivement aggravé les fractures politiques et confessionnelles au Liban. Le pays s’est retrouvé pris entre deux visions opposées :
- L’axe pro-occidental et arabe, soutenu par les États-Unis, la France et les pays du Golfe, qui cherchent à contenir l’affect iranienne et à renforcer les establishments étatiques libanaises.
- L’axe pro-iranien et pro-syrien, dominé par le Hezbollah et ses alliés, qui considère que la drive militaire du parti chiite est une garantie de souveraineté face à Israël et aux interventions étrangères.
Cette division a paralysé la vie politique libanaise, rendant unimaginable toute réforme majeure et empêchant l’émergence d’un projet nationwide unifié. Chaque crise interne est devenue un enjeu régional, où les grandes puissances s’affrontent par le biais de leurs alliés locaux, sans jamais permettre au Liban de trouver une voie propre.
L’héritage de Hariri est donc double : d’un côté, il a voulu moderniser et reconstruire le Liban, de l’autre, il a aussi contribué, volontairement ou involontairement, à institutionnaliser un système où des forces non étatiques disposent d’un pouvoir considérable sur la souveraineté nationale.
Aujourd’hui, le pays reste otage de cette dynamique, incapable de sortir de la spirale des influences étrangères et des conflits internes qui bloquent tout progrès.
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