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Un héritage diplomatique face à une crise inédite
Le Liban, carrefour historique et politique du Moyen-Orient, a longtemps été soutenu par la France et l’Arabie saoudite. La France, puissance mandataire de 1920 à 1943, a façonné les establishments libanaises et tissé des liens culturels étroits, avec une diaspora de 250 000 Libanais sur son sol (Ministère français des Affaires étrangères, 2023). L’Arabie saoudite, quant à elle, a injecté plus de 15 milliards de {dollars} entre 2000 et 2015, through des dépôts à la Banque du Liban (BDL) – 3 milliards en 2011 – et des projets comme la reconstruction post-2006, dans le cadre des accords de Taëf de 1989 qui ont mis fin à la guerre civile (Arab Heart Washington DC, 2020).
Mais depuis 2019, cette dynamique vacille. La crise économique – PIB réduit de 55 à 31 milliards de {dollars} (Banque mondiale, 2024) – et une instabilité politique marquée par un vide présidentiel de 27 mois jusqu’en janvier 2025 ont poussé Paris et Riyad à revoir leur engagement. Emmanuel Macron et Mohammed ben Salmane (MBS), through des sommets bilatéraux intensifiés en 2024, cherchent à stabiliser un pays au bord de l’abîme, mais leurs approches divergentes compliquent une médiation déjà fragile.
Une paralysie politique et économique à l’épreuve
Le Liban est un État en sursis. La livre a chuté de 98 % de sa valeur, passant de 1507 à 120 000 LBP pour 1 greenback en mars 2025, selon les estimations du marché parallèle (Banque du Liban, 2023), et 82 % de la inhabitants vit sous le seuil de pauvreté (UNICEF, 2024). Les infrastructures s’effritent : hôpitaux à 40 % de capacité, écoles fermées par centaines, électricité réduite à 2 heures par jour dans certaines régions. Le conflit Israël-Hezbollah, stoppé par un cessez-le-feu le 27 novembre 2024, a laissé 900 000 déplacés et des villages du Sud en ruines, aggravant une crise humanitaire déjà aiguë.
Politiquement, le pays est un champ de mines. Les luttes entre factions – Hezbollah chiite, Amal, Forces libanaises chrétiennes, Courant du Futur sunnite – ont paralysé toute réforme pendant des années. L’élection d’un président en janvier 2025 et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre offrent une lueur d’espoir, mais les divisions restent profondes. Dans ce contexte, la France et l’Arabie saoudite tentent une médiation délicate, leurs stratégies reflétant des priorités distinctes qui oscillent entre pragmatisme et fermeté.
L’approche française : pragmatisme et dialogue inclusif
La France aborde le Liban avec une stratégie pragmatique, héritée de son rôle historique. Depuis l’explosion du port de Beyrouth en août 2020, qui a tué 218 personnes et ravagé la capitale, Macron a pris les devants : cinq visites en quatre ans, mobilisation de 1 milliard d’euros d’aide humanitaire through la conférence de Paris en 2021 (Élysée, 2021). « Le Liban est une priorité absolue », a-t-il réaffirmé en 2024, plaidant pour un gouvernement opérationnel succesful de surmonter les blocages.
Paris mise sur des réformes économiques et institutionnelles comme clé de la stabilisation. La restructuration du secteur bancaire, englouti par des pertes estimées à 70-100 milliards de {dollars}, est une urgence : Macron insiste sur un audit indépendant, une mesure sabotée en 2020 par les grandes familles bancaires et leurs alliés politiques (Banque mondiale, 2024). La lutte contre la corruption, qui détourne 40 % des fonds publics, est un autre axe majeur, mais la France préfère inciter par des aides conditionnées plutôt que sanctionner. En 2023, elle a promis 500 thousands and thousands d’euros pour l’éducation et la santé, suspendus faute de transparence dans leur gestion.
Politiquement, Paris privilégie un dialogue inclusif, refusant d’exclure le Hezbollah. Avec 30 % des sièges au Parlement et une drive militaire dominante, le groupe chiite est un acteur incontournable. « On ne peut pas stabiliser sans parler à tout le monde », explique un diplomate français en 2024. Cette neutralité vise à éviter une escalade interne, tout en poussant un plan de relance progressif soutenu par l’Union européenne, dans l’espoir d’attirer des financements sans bouleverser les équilibres confessionnels.
L’approche saoudienne : une ligne dure contre le Hezbollah
L’Arabie saoudite adopte une posture radicalement différente, dictée par sa rivalité avec l’Iran, principal soutien du Hezbollah. Riyad a longtemps été un mécène généreux – 3 milliards déposés à la BDL en 2011 pour soutenir la livre – mais cette époque est révolue. Depuis 2017, les relations se sont tendues après l’incident où Saad Hariri a été retenu à Riyad, suivi par des critiques pro-Hezbollah dans les médias libanais. En 2021, l’interdiction des importations libanaises a coûté 240 thousands and thousands de {dollars} annuels à Beyrouth, une sanction économique cinglante (Arab Heart Washington DC, 2021).
Pour Riyad, toute aide est conditionnée à une marginalisation claire du Hezbollah. « Pas un riyal tant que leur affect domine », a déclaré un officiel saoudien en 2024. Cette exigence implique une refonte du pouvoir : démantèlement des milices, réduction de l’emprise chiite sur des ministères stratégiques comme la Défense ou les Funds. Sur le plan économique, l’Arabie saoudite réclame une restructuration bancaire profonde – haircut sur les gros dépôts – et un audit des funds publiques, refusant de financer un système où la corruption et l’affect iranienne prédominent.
Cette approche, plus tranchée que celle de Paris, vise à restaurer l’hégémonie sunnite et à contrer Téhéran. Mais elle se heurte à une réalité implacable : le Hezbollah, fort de 1,5 million de partisans chiites et d’un arsenal militaire, ne peut être écarté sans provoquer une crise majeure.
Tensions et défis d’une médiation à deux voix
Les divergences entre la France et l’Arabie saoudite fragilisent leur médiation. Paris, avec son dialogue inclusif, voit le Hezbollah comme un mal nécessaire pour la stabilité ; Riyad, en guerre froide avec l’Iran, le considère comme un impediment rédhibitoire. « La France panse les plaies, l’Arabie saoudite veut couper le membre malade », ironise un analyste politique à Beyrouth en 2025. Cette fracture bloque les financements : l’UE, alignée sur Paris, droop 1 milliard d’euros, tandis que Riyad retient 2 milliards potentiels.
Les rivalités régionales aggravent la scenario. L’Iran soutient le Hezbollah contre toute concession à Riyad, tandis que l’Arabie saoudite reproche à la France une complaisance naïve. Les échecs passés avec le FMI en 2022 – sabotés par le foyer bancaire et les politiciens inféodés (Banque mondiale, 2024) – rappellent à Salam les résistances internes. Les grandes banques, protégées par des partis comme le Courant du Futur, refusent audits et restructurations, tandis que le Hezbollah défend son pouvoir militaire et politique. « On est coincés entre des exigences incompatibles », déplore un conseiller de Salam en mars 2025.
Le dilemme de Nawaf Salam et les enjeux pour le Liban
Nawaf Salam, Premier ministre depuis février 2025, est dans une place précaire. Céder à Riyad – marginaliser le Hezbollah – risque de déclencher des manifestations chiites, un blocage parlementaire, voire une reprise des violences dans un pays encore marqué par le conflit de 2024. Suivre la voie française – réformes graduelles et dialogue – apaise les tensions internes mais frustre Riyad, retardant les fonds nécessaires pour relancer une économie exsangue. « Je suis sur un fil, entre l’effondrement et la guerre civile », a-t-il confié lors d’un sommet à Paris en mars 2025.
La inhabitants, laminée par une inflation à 180 % et des salaires dérisoires – un fonctionnaire gagne 40 {dollars} par mois en 2025 – exige des résultats. Les alternate options sont limitées : la Chine suggest 1 milliard pour des projets portuaires, mais avec des visées stratégiques ; la Russie reste en retrait ; l’Iran, sous sanctions, n’a pas les moyens. La diaspora, qui injectait 7 milliards annuels avant la crise, réduit ses transferts face à l’instabilité croissante (UNICEF, 2024).
Vers quel avenir pour la diplomatie libanaise ?
Les prochaines semaines seront cruciales. Plusieurs scénarios se dessinent :
Un compromis franco-saoudien pourrait voir le jour si Macron persuade MBS d’un plan progressif : réformes bancaires immédiates, recul graduel du Hezbollah through des élections transparentes, et une aide combinée de 3 milliards. Cela nécessiterait une unité libanaise quasi unimaginable à obtenir.
Un blocage prolongé est plus possible. Si les divergences persistent, les fonds resteront gelés, l’inflation pourrait atteindre 300 % d’ici fin 2025, et les companies publics s’effondreront totalement, plongeant le pays dans une crise humanitaire sans précédent.
Un réalignement vers d’autres puissances – Chine, Iran – est une choice désespérée. Cela offrirait un soutien limité, mais au prix d’un isolement occidental et d’une dépendance accrue envers des acteurs imprévisibles, éloignant le Liban de ses alliés traditionnels.
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