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Un pays fragilisé par les conflits et les sanctions internationales
Le Liban, déjà à genoux sous le poids d’une crise économique interne sans précédent, n’a pas le luxe de s’isoler des tempêtes qui secouent la région. Les tensions géopolitiques – sanctions contre l’Iran, guerre en Syrie, instabilité dans le Golfe – frappent ce petit pays comme des vagues sur une digue fissurée. Avec une économie qui dépend à 80 % des importations et des flux financiers extérieurs (Banque du Liban, 2023), chaque soubresaut régional est une menace directe pour le commerce, les investissements et la stabilité financière. Depuis 2019, le PIB a plongé de 55 milliards de {dollars} à 31 milliards (Banque mondiale, 2024), la livre a perdu 98 % de sa valeur, et 82 % de la inhabitants vit sous le seuil de pauvreté (UNICEF, 2024). Dans ce contexte, les conflits voisins ne sont pas un bruit de fond : ils amplifient un désastre déjà en cours, transformant le Liban en victime collatérale d’une région en feu.
Les sanctions contre l’Iran : un coup dur pour le commerce libanais
Les sanctions américaines contre l’Iran, renforcées en 2024 sous l’administration Biden pour contrer son programme nucléaire, ont des répercussions indirectes mais brutales sur le Liban. Les liens historiques entre Beyrouth et Téhéran – commerciaux, financiers et politiques through le Hezbollah – placent le pays dans une place intenable. Les entreprises iraniennes, actives dans le secteur énergétique libanais, voient leurs transactions gelées. Avant 2019, l’Iran fournissait environ 10 % du carburant libanais through des intermédiaires, selon des estimations du ministère de l’Énergie. Aujourd’hui, ces flux sont quasi arrêtés, laissant des stations-service à sec et des générateurs privés, vitaux face aux 22 heures de coupures quotidiennes, en panne.
Les banques libanaises, déjà exsangues, subissent une pression supplémentaire. Toute transaction avec une entité iranienne sanctionnée expose à des pénalités américaines, comme l’amende de 1,2 milliard de {dollars} infligée à une banque turque en 2018 (Reuters, 2018). Résultat : les establishments financières, sous surveillance du Trésor américain, coupent les ponts avec des partenaires iraniens, aggravant leur isolement. « On marche sur des œufs », confesse un banquier de Beyrouth dans un discussion board économique en 2024. Les dépôts, déjà bloqués à 60 % (Banque mondiale, 2024), ne suffisent plus à absorber ce choc externe.
La diaspora chiite, forte de 2 tens of millions de personnes, est aussi touchée. Avant les sanctions, elle envoyait 1,5 milliard de {dollars} par an au Liban, souvent through des réseaux liés à l’Iran (Banque du Liban, 2023). Aujourd’hui, ces transferts chutent de 30 %, selon une étude de l’Université Saint-Joseph (USJ), automobile les restrictions bancaires internationales entravent les flux. Pour des familles comme celle de Fatima, 60 ans, à Baalbek, ces {dollars} étaient une bouée de sauvetage. « Mon fils à Dubaï ne peut plus envoyer d’argent sans risquer des blocages », déplore-t-elle. Le Liban, coincé entre ses alliances historiques et les pressions de Washington, paie un prix qu’il ne peut supporter.
Un influence sur le marché des hydrocarbures et le coût de la vie
La volatilité du marché pétrolier, exacerbée par les sanctions iraniennes et les tensions dans le Golfe, frappe le Liban de plein fouet. Le pays, qui importe 100 % de son pétrole, est à la merci des prix mondiaux. En 2024, le baril Brent dépasse 90 {dollars} (OPEC), contre 60 {dollars} en 2019, une hausse liée aux perturbations dans le détroit d’Ormuz et à la réduction des exportations iraniennes. Au Liban, l’essence bondit à 80 000 LBP le litre (0,66 greenback au taux parallèle), contre 1 500 LBP avant la crise. Le mazout, essentiel pour les générateurs, swimsuit la même courbe, alourdissant les dépenses des ménages et des entreprises.
Cette flambée des carburants a des effets en cascade. Les coûts de transport doublent, renchérissant tout : un sac de pommes de terre passe de 20 000 LBP à 100 000 LBP en deux ans. Les petites entreprises, comme celle de Rami, livreur à Tripoli, suffoquent. « Je dépense 500 000 LBP par semaine en essence, mais je gagne à peine 300 000 », dit-il. Les pénuries, fréquentes depuis 2021, empirent : en février 2025, des recordsdata de voitures s’étendent sur des kilomètres, paralysant le quotidien dans un pays où l’électricité publique ne dépasse pas 2 heures par jour (Électricité du Liban).
L’inflation, déjà à 200 % en 2024 (UNDP, 2024), devient incontrôlable. Le pouvoir d’achat, réduit de 90 %, transforme les produits de base en luxe. « On ne vit plus, on survit », soupire Nour, mère de trois enfants à Saïda. Les tensions pétrolières régionales, hors du contrôle de Beyrouth, amplifient une crise interne que le Liban n’a plus les moyens d’encaisser.
Le commerce libano-syrien menacé par l’instabilité régionale
Le commerce avec la Syrie, un poumon économique pour le Liban, est en péril. Avant 2011, la Syrie représentait 25 % des exportations libanaises – fruits, légumes, produits industriels – et un marché clé pour les importations agricoles (Chambre de commerce de Beyrouth, 2020). Aujourd’hui, les conflits persistants au nord et à l’est de la Syrie ralentissent ces échanges. Les routes, comme celle reliant Beyrouth à Damas through Masnaa, sont souvent impraticables ou dangereuses, doublant les coûts de transport. Un camion de pommes, qui coûtait 200 {dollars} à acheminer en 2019, en vaut 500 en 2025.
Le gouvernement libanais, sous pression internationale, hésite à renforcer ces liens. Les sanctions contre le régime de Bachar el-Assad, renforcées par la loi César en 2020 (U.S. Division of State), menacent tout partenaire business de Damas. « On ne peut pas risquer des pénalités pour quelques camions de blé », explique un officiel du ministère de l’Économie en privé. Résultat : les exportations vers la Syrie ont chuté de 60 % depuis 2019, isolant davantage le Liban dans une région où les alliés économiques se raréfient.
Une crise de confiance des investisseurs étrangers
L’instabilité régionale transforme le Liban en paria pour les investisseurs étrangers. Les investissements directs étrangers (IDE), à 10 milliards de {dollars} en 2018, tombent à 1 milliard en 2023 (UNCTAD), une chute de plus de 50 % en cinq ans due aux tensions géopolitiques. L’immobilier, jadis fleuron à Beyrouth, s’effondre : les grues sont figées, les projets abandonnés. L’industrie et les infrastructures, déjà fragiles, n’attirent plus. « Trop de risques, pas assez de garanties », résume un analyste de Bloomberg en janvier 2025.
Les pays du Golfe – Arabie saoudite, Émirats – autrefois généreux avec des milliards en aides, se détournent. L’affect du Hezbollah, soutenu par l’Iran, et les tensions avec Riyad depuis 2017 refroidissent ces relations. En 2021, l’Arabie saoudite a banni les importations libanaises, coûtant 240 tens of millions de {dollars} par an (Chambre de commerce de Beyrouth). Sans ces fonds, la relance est un mirage, et le Liban s’enfonce dans une crise prolongée.
Des options limitées et une dépendance accrue aux aides extérieures
Face à ce chaos, le gouvernement tente de diversifier ses partenaires. Un rapprochement avec l’Union européenne est en cours : des accords commerciaux, comme celui de l’Affiliation de 2006, sont renégociés pour booster les exportations (EU Exterior Motion). La Chine, through son initiative « Belt and Highway », est courtisée pour des projets portuaires à Tripoli, estimés à 2 milliards de {dollars} (ministry of Public Works). Mais ces initiatives patinent : la corruption – 40 % des fonds publics détournés selon Transparency Worldwide – et l’instabilité découragent les engagements.
Le Liban dépend de plus en plus des aides internationales. Un accord complet avec le FMI, négocié depuis 2020 pour 3 milliards de {dollars}, exige des réformes (audit bancaire, lutte anticorruption) que Beyrouth ne peut appliquer, bloqué par les divisions politiques (Reuters, 2022). Une aide partielle ne résoudrait que l’urgence de liquidités en 2026, pas la crise systémique. Les Nations unies, through le PAM, distribuent 1 milliard de {dollars} en 2024 (WFP), mais c’est une goutte d’eau.
La diaspora, avec 7 milliards de {dollars} annuels (Banque du Liban, 2023), reste cruciale. Mais ces transferts, fragilisés par les sanctions et la crise bancaire, ne suffisent pas. « On vit sur des perfusions », ironise un économiste de l’AUB.
Tant que les tensions régionales persistent, le Liban reste un bateau à la dérive. Le coût de la vie grimpe, avec une inflation qui pourrait atteindre 500 % d’ici 2026 si rien ne change. Les investissements étrangers, quasi nuls, freinent toute relance. Les entreprises locales, sans capitaux ni marchés, licencient ou ferment, accentuant le chômage (40 % chez les jeunes, Institut Issam Fares).
Seule une stabilisation régionale – fin des sanctions, paix en Syrie – combinée à des réformes internes pourrait inverser la spirale. Mais avec un gouvernement paralysé et une corruption endémique, l’espoir s’amenuise. Le Liban, otage de son voisinage, risque de sombrer dans un déclin irréversible.
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