Des centaines de manifestants se sont rassemblés, dimanche, sous une chaleur écrasante et dans un contexte régional tendu, pour rendre hommage – à défaut de justice – aux victimes de la double explosion du 4 août 2020 qui a dévasté Beyrouth, tuant plus de 230 personnes et faisant plusieurs milliers de blessés. Quatre ans après le drame, loin de s’estomper, la douleur augmente.
« Il est des reportages réalisés les larmes aux yeux, la gorge nouée, le cœur serré. Il est des reportages pour lesquels rester sanglé dans ses habits de journaliste est une gageure. Il est des reportages dont les questions paraissent inutiles et les réponses évidentes… »
Voilà ce que nous écrivions à propos du 4 août 2023 dans un article intitulé «Chaque jour est un nouveau 4 août !» Un an plus tard, quatre ans après le drame de la double explosion qui a ravagé la capitale libanaise, nous pourrions reprendre les mêmes phrases, la même formule, si tant est que ce fût une formule.
En ce 4 août 2024, l’atmosphère est lourde. L’ambiance est pesante. Les magasins et eating places de la ville ont baissé leurs rideaux pour cette journée de deuil. Les drapeaux sont en berne. Les Libanais oscillent entre colère contenue pour les événements passés et inquiétude sourde pour ceux à venir.
Comme le veut la désormais triste coutume, les familles des victimes se sont donné rendez-vous à la caserne des pompiers de Beyrouth. Une partie, plus exactement ; l’autre se trouvant Place des Martyrs. Les deux cortèges s’ébranleront en même temps, pour se rejoindre au level de rencontre : la statue de l’Émigré, face aux silos éventrés.
Dans la cour de la caserne, sous les portraits des 10 pompiers qui ont trouvé la mort ce funeste 4 août, les visages sont fermés. Les bouches le sont tout autant. Personne n’a envie de parler. Les journalistes peinent à trouver des volontaires pour témoigner. Il est des circonstances où le silence semble être l’distinctive réponse adaptée. Silence : miroir de nos cœurs tourmentés…
Depuis 4 ans, les familles qui ont perdu un fils, une fille, un mari, une fiancée, and many others. ne cessent de clamer leur souffrance. De réclamer justice pour les disparus. En useless. Las de s’exprimer devant les caméras ou aux micros des reporters, elles n’ont parfois que leurs larmes à offrir en partage. Automotive, loin de s’estomper avec le temps, la douleur de ces familles éprouvées ne cesse d’augmenter.
Ghada Hitti Khoury ne voulait pas prendre la parole. Mais elle s’y résout : « Je suis là pour soutenir mes frères : ils ont perdu leurs enfants, les pompiers Najib Hitti, Charbel Hitti, et Charbel Karam. » Ce qu’elle attend de cette journée ? Elle esquisse un sourire timide : « À vrai dire, je ne veux rien, automobile la justice n’est pas de ce monde. La justice vient du Ciel. Je suis sûre et certaine que Dieu va nous donner la paix, et la justice. Il va nous aider. Depuis 2020 je viens chaque année. Et année après année la douleur est la même, plus encore, elle augmente. »
Le gouverneur de Beyrouth, Marwan Abboud, ne manque pas une event de se tenir aux côtés de « ses » pompiers. Il confirme : « La douleur des familles est très profonde. Je sens que cette douleur ne diminue pas, elle augmente. Il faut que la justice se réalise, tant que la justice n’aura pas été faite, ce sentiment va persister. Il faut résister, travailler, faire pression pour que la justice soit rendue, que la vérité soit révélée un jour, et que nous continuions à vivre dans ce pays. »
Toujours fidèle au poste, le capitaine Michel El Murr – qui a cherché la dépouille de ses collègues disparus après l’explosion – commente : « La douleur est très grande. Beaucoup de souvenirs me viennent à l’esprit en ce second. Depuis quatre ans, j’ai toujours les mêmes pictures devant les yeux. Nous voudrions connaître la vérité, seulement la vérité et que Dieu rende justice aux personnes qui sont mortes. L’ambiance est lourde : les gens ont perdu leurs dad and mom ou leurs enfants et cela ne peut pas s’oublier. Une telle disaster ne peut pas s’oublier. La douleur restera tant que la vérité ne sera pas connue. » Des signes montrent-ils que les choses avancent dans le bon sens ? Dans un murmure, il concède : « Non. Pas encore. » Puis, d’ajouter : « Nous allons attendre. Le temps va nous aider à savoir. »
Loin des caméras, le Dr Fouad Abou Nader, président de l’ONG Nawraj – qui a ouvert le Centre socio-culturel Duroob, non loin de la caserne, pour soutenir les familles – est présent comme chaque année. Il explique : « Nous sommes revenus en arrière. La justice n’a toujours pas été rendue. Les juges ont été empêchés de continuer leur travail et, en même temps, peu a été fait pour aider les gens qui ont besoin de moyens pour reprendre le cours de leur vie qui a été détruite. Le pouvoir est défaillant, il ne faut rien attendre de lui, mais nous débrouiller nous-mêmes et nous sentir responsables des gens. »
Concernant cette commémoration annuelle dont certains s’interrogent quant à son utilité, il déclare sans hésitation : « La commémoration sert parce qu’elle va tenir en alerte tous les responsables. Tant que les personnes vont venir, une fois par an, elles vont garder une lumière allumée. Et, finalement, un de ces jours, nous finirons par obtenir les droits de tous. Cela arrivera, c’est sûr, mais il faut être persévérant. »