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En septembre 2024, des rumeurs d’inclusion imminente du Liban dans la liste grise de la GAFI (Groupe d’motion financière) suscitent de vives inquiétudes. Certains médias, proches des establishments bancaires libanaises, minimisent l’impression potentiel de cette décision, arguant que les relations entre les banques locales et leurs correspondantes étrangères ne seraient pas fondamentalement affectées. Pourtant, cette analyse fait abstraction des risques bien réels auxquels le Liban s’expose en étant inscrit sur cette liste.
1. Qu’est-ce que la GAFI et la liste grise ?
La GAFI (Groupe d’motion financière) est un organisme intergouvernemental qui fixe des normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et d’autres menaces pour l’intégrité du système financier mondial. Créée en 1989, la GAFI supervise la mise en œuvre de ces normes par ses membres, et évalue les systèmes financiers des pays pour déterminer leur conformité.
La “liste grise” de la GAFI regroupe les pays présentant des faiblesses stratégiques en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), mais qui ont consenti à les corriger. Les pays inscrits font l’objet d’une surveillance accrue, et sont soumis à des pressions pour réformer leur système financier. À titre d’exemple, des pays comme le Pakistan, la Jordanie, ou encore l’Algérie ont déjà figuré sur cette liste, avec des conséquences notables sur leurs économies respectives.
Réduction des investissements directs étrangers (IDE)
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L’inclusion du Liban sur la liste grise enverrait un sign négatif aux investisseurs étrangers et aux establishments financières internationales, aggravant la crise des liquidités du pays. Le Pakistan, par exemple, a vu ses flux d’investissements directs étrangers chuter de 30 % pendant son inclusion sur la liste grise entre 2018 et 2022. De la même manière, l’économie libanaise, déjà dépendante des envois de fonds de sa diaspora et des flux d’investissements, subirait un ralentissement encore plus marqué. Cela compliquerait davantage la relance économique du pays, déjà affectée par l’effondrement de la monnaie et l’hyperinflation.
Perturbation du commerce worldwide
Les entreprises libanaises, qui dépendent des banques locales pour effectuer des transactions internationales, pourraient être confrontées à des retards et à des contrôles renforcés, rendant leurs échanges commerciaux plus coûteux et moins compétitifs. Dans le cas de la Jordanie, après son inclusion sur la liste grise en 2019, les entreprises locales ont constaté une augmentation des coûts et des délais de traitement pour les transactions internationales, en raison des vérifications supplémentaires imposées par les banques correspondantes étrangères .
Influence sur les flux financiers entrants (money influx)
L’économie libanaise dépend fortement des flux de devises, en particulier des transferts de la diaspora libanaise, estimés à plus de 6 milliards de {dollars} par an. Si le Liban est inscrit sur la liste grise, ces transferts pourraient être soumis à des contrôles plus stricts ou même bloqués par certaines banques correspondantes étrangères. Cela affecterait directement la survie des banques libanaises, qui dépendent des “recent {dollars}” pour rester opérationnelles, étant donné que beaucoup d’entre elles sont insolvables. Le idea de “recent {dollars}” désigne des dépôts en {dollars} étrangers acceptés après octobre 2019, qui ne sont pas soumis aux restrictions imposées aux “lollars” (des {dollars} piégés dans le système bancaire libanais et convertis en livres libanaises à un taux inférieur au taux du marché). Toutefois, il n’est pas exclu que, dans un avenir proche, des mesures similaires à celles ayant conduit à la création des “lollars” soient prises pour les “recent {dollars}”, augmentant encore la méfiance des déposants .
3. Influence sur les relations entre les banques libanaises et étrangères
Suspension des relations avec les banques correspondantes
Les banques libanaises dépendent largement des banques correspondantes étrangères pour effectuer des transactions internationales. Ces banques facilitent les paiements transfrontaliers, le commerce worldwide et les transferts de fonds. Or, être sur la liste grise obligerait ces correspondantes à renforcer leurs mesures de vigilance à l’égard des banques libanaises, voire à suspendre complètement leurs relations pour éviter tout risque de non-conformité avec les régulations internationales.
Des banques correspondantes ont déjà pris des mesures dans le passé. Par exemple, Commerzbank et Customary Chartered ont mis fin à leurs relations avec des banques libanaises après l’aggravation de la crise en 2019. Plusieurs banques françaises, comme BNP Paribas, ont également fermé les comptes de résidents fiscaux au Liban, citant les risques d’amendes de TRACFIN (l’organisme français de lutte contre le blanchiment d’argent) comme motif principal .
Contrôles renforcés et coûts accrus
Même si certaines banques étrangères décident de maintenir leurs relations avec des banques libanaises, elles seront soumises à des contrôles plus stricts. Ces mesures se traduiront par des coûts plus élevés pour les transactions financières internationales, des vérifications supplémentaires, et des délais prolongés pour l’exécution des opérations. Cette state of affairs affectera la compétitivité des entreprises libanaises, qui subiront des frais accrus sur leurs opérations commerciales. Le secteur bancaire mongol a connu une state of affairs similaire en 2019, lorsque le pays a été inscrit sur la liste grise de la GAFI, entraînant une augmentation significative des frais pour les entreprises locales opérant à l’worldwide .
Isolement croissant du secteur bancaire libanais
Avec l’inscription sur la liste grise, il est possible que le Liban devienne de plus en plus isolé sur la scène financière internationale. Les banques correspondantes, sous pression pour respecter les normes internationales, limiteront leurs relations avec les banques libanaises par crainte d’être associées à des activités illicites. Cet isolement pourrait contraindre le Liban à recourir à des circuits financiers informels, accentuant le risque de blanchiment d’argent et d’activités frauduleuses.
4. Accusations visant le secteur bancaire libanais et réaction des banques correspondantes
Le secteur bancaire libanais est accusé de plusieurs manquements, notamment d’avoir facilité le blanchiment d’argent, permis des transferts de fonds illicites à l’étranger, et soutenu les pratiques douteuses de l’élite politique. Ces accusations ont été renforcées par le rôle central des banques dans la fuite de capitaux lors de la crise économique. Alors que les banques locales refusent encore de restructurer le secteur, leur insolvabilité est une réalité, aggravée par leur incapacité à restituer les dépôts en {dollars} à leurs shoppers .
Les banques correspondantes étrangères, conscientes de ces pratiques, devraient réagir en coupant leurs relations avec certaines banques libanaises ou en limitant les providers qu’elles leur offrent. Cette réaction est déjà observable dans le secteur bancaire français, où plusieurs grandes banques ont commencé à fermer les comptes de shoppers libanais en raison des risques d’amendes infligées par TRACFIN . D’autres banques internationales, notamment américaines et européennes, pourraient suivre le mouvement, ce qui isolerait encore plus le système financier libanais et mettrait en péril les quelques ressources en devises dont le pays dispose encore.
L’inclusion du Liban sur la liste grise de la GAFI pourrait entraîner une série de conséquences dramatiques pour l’économie et les banques locales. L’afflux de “recent {dollars}” pourrait être limité, les banques correspondantes étrangères pourraient rompre leurs relations, et les coûts de transactions augmenteraient de manière significative. Malgré les tentatives de certains acteurs de minimiser ces risques, les exemples concrets de pays déjà inscrits sur cette liste montrent que les répercussions économiques et financières peuvent être graves et durables. Le Liban doit entreprendre des réformes profondes et immédiates pour restaurer la confiance internationale et éviter un isolement financier encore plus grand.
Sources:
- Groupe d’motion financière (GAFI) – Rapport 2023.
- “Recent Greenback and the Dangers for Lebanese Banks” – IMF Report, 2023.
- “Commerzbank, Customary Chartered Minimize Ties with Lebanese Banks” – Monetary Instances, 2021.
- “Classes from International locations on the FATF Gray Listing: Pakistan, Mongolia, and Jordan” – World Financial institution Report, 2021.
- “How Lebanese Banks Performed a Position within the Monetary Collapse” – The Economist, 2022.
- “TRACFIN et les sanctions bancaires : Influence sur les comptes des résidents fiscaux au Liban” – Le Monde, 2022.
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