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Le sionisme, initialement pensé comme une réponse à l’antisémitisme européen, a traversé une série de transformations profondes. Né à la fin du XIXᵉ siècle comme un projet laïc, socialiste et modernisateur, il est aujourd’hui dominé par des courants nationalistes, religieux et expansionnistes. Cette évolution reflète des changements historiques, sociaux et géopolitiques, mais aussi des tensions internes dans la société israélienne, entre idéal fondateur et réalités contemporaines.
Un sionisme aux origines pluralistes : entre pragmatisme et idéalisme
À sa naissance, le sionisme n’était pas monolithique, mais regroupait plusieurs courants idéologiques. Les travaux de Théodore Herzl ont posé les bases d’un sionisme politique axé sur l’obtention d’un État juif par des moyens diplomatiques. Herzl, un laïc viennois influencé par les idées modernes de l’époque, voyait cet État comme une answer pragmatique à l’antisémitisme croissant en Europe.
Cependant, à côté de cette approche politique, d’autres courants, notamment le sionisme culturel et le sionisme socialiste, jouaient un rôle prépondérant. Ahad Ha’am, père du sionisme culturel, insistait sur la nécessité de revitaliser la tradition juive avant de se concentrer sur la building d’un État. En parallèle, des figures comme David Ben Gourion et Berl Katznelson ont promu une imaginative and prescient collectiviste et égalitaire, incarnée dans les kibboutz. Ces courants étaient unis par une ambition commune : la création d’un lobby nationwide juif en Palestine, mais les moyens et les visions du futur divergeaient considérablement.
Le rôle central des kibboutz dans l’établissement de l’État juif
Les kibboutz, communautés agricoles collectivistes, ont été la pierre angulaire du sionisme socialiste. Les premiers colons, arrivés dans les vagues d’immigration (Aliyah) au début du XXᵉ siècle, ont établi ces buildings dans des terres souvent désertiques ou marécageuses. Les kibboutz fonctionnaient selon un modèle égalitaire où la propriété privée était abolie, et où chaque membre recevait selon ses besoins.
Ces communautés ont joué un rôle double : économique et stratégique. Sur le plan économique, elles ont permis l’établissement d’une agriculture florissante, base de l’économie juive en Palestine. Sur le plan stratégique, elles servaient de bastions avancés pour la défense du territoire face aux communautés arabes locales. La Haganah, organisation paramilitaire juive, s’appuyait sur ces implantations pour coordonner ses opérations.
Mais l’influence des kibboutz dépassait ces features pratiques. Ils représentaient un laboratoire d’une société juive nouvelle, égalitaire et émancipée, en rupture avec les buildings patriarcales et religieuses du passé.
Les tournants majeurs : militarisation et occupation des territoires
Avec la fondation de l’État d’Israël en 1948, le sionisme socialiste et la imaginative and prescient égalitaire des kibboutz dominaient encore. Cependant, plusieurs événements ont profondément modifié cette dynamique.
Le sionisme contemporain est marqué par une domination des courants nationalistes et religieux. Le Parti travailliste, autrefois moteur du sionisme socialiste, est marginalisé au revenue de formations comme le Likoud, dirigé par Benjamin Netanyahou, ou des partis encore plus à droite, comme Otzma Yehudit et Spiritual Zionism.
Les facteurs de cette transformation
- La démographie : Les colons, souvent issus de milieux religieux, constituent une base électorale croissante. Leur affect sur les politiques publiques, notamment en matière de sécurité et de colonisation, est déterminante.
- La montée du religieux : Alors que les fondateurs d’Israël étaient largement laïcs, la société israélienne a vu une augmentation de l’affect des courants religieux, notamment ultra-orthodoxes, sur la vie politique.
- La polarisation politique : La fragmentation de la société israélienne entre laïcs et religieux, entre juifs ashkénazes et séfarades, ou encore entre populations urbaines et rurales, renforce les tensions idéologiques.
La guerre des Six Jours de 1967
La guerre des Six Jours marque un tournant décisif. Israël, en six jours, conquiert la Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-Est, le plateau du Golan et le Sinaï. Cette victoire spectaculaire donne lieu à un sentiment de puissance nationale et à une transformation idéologique. Les territoires occupés, particulièrement la Cisjordanie et Jérusalem-Est, sont rapidement perçus par certains groupes comme des events intégrantes de la Terre d’Israël, ancrées dans la custom biblique.
Pour beaucoup, cette guerre ne marque pas seulement une victoire militaire, mais un second messianique. Des mouvements religieux tels que Gush Emunim émergent dans les années suivantes, affirmant que la colonisation de ces territoires est un devoir religieux et nationwide. La imaginative and prescient pragmatique et laïque du sionisme de Herzl cède peu à peu à un discours théologique et expansionniste.
La montée du Likoud et le basculement vers la droite
Le véritable tournant idéologique intervient en 1977, avec l’arrivée au pouvoir du Likoud, dirigé par Menahem Start. Ce parti, issu du révisionnisme sioniste de Vladimir Jabotinsky, prônait une imaginative and prescient nationaliste et territoriale. Contrairement au sionisme socialiste, le Likoud mettait l’accent sur le droit historique des Juifs à toute la Terre d’Israël, incluant la Cisjordanie et Gaza.
Sous Start, les priorités changent. La colonisation des territoires occupés s’accélère, et Israël s’éloigne des idéaux socialistes. Le modèle collectiviste des kibboutz décline rapidement, remplacé par une économie de marché et une privatisation croissante.
Affect des tensions régionales
Les guerres successives, notamment celles de 1967 et 1973, ont également joué un rôle clé dans cette mutation. La guerre des Six Jours a renforcé un sentiment de supériorité militaire et d’enlargement territoriale, tandis que la guerre du Kippour a exacerbé les craintes sécuritaires. Ces événements ont permis aux courants nationalistes et religieux de s’imposer face au pragmatisme socialiste des débuts.
Le développement des colonies : outil stratégique et idéologique
Dès 1967, Israël start à établir des colonies dans les territoires occupés. Ces colonies, d’abord marginales, deviennent au fil des décennies un des principaux moteurs des tensions israélo-palestiniennes.
Logique stratégique et sécuritaire
Au départ, les colonies étaient justifiées par des arguments sécuritaires. Des zones comme la vallée du Jourdain étaient perçues comme essentielles pour garantir la défense d’Israël face à ses voisins. Ces colonies étaient souvent installées avec le soutien direct de l’armée.
Logique idéologique et messianique
Cependant, à partir des années 1970, une nouvelle justification apparaît. Les colons religieux, soutenus par des leaders comme le rabbin Zvi Yehuda Kook, revendiquent les territoires de Cisjordanie et de Jérusalem-Est comme faisant partie intégrante de la Terre promise. Pour ces mouvements, la colonisation n’est pas seulement une query de survie nationale, mais l’accomplissement d’une mission divine.
Les alliances internationales : d’un réseau socialiste à des soutiens conservateurs
Les liens historiques avec les socialistes européens
Jusqu’aux années 1970, Israël entretenait des relations privilégiées avec les partis de gauche européens. Le Parti travailliste israélien était un membre actif de l’Internationale socialiste, aux côtés de formations comme le Parti socialiste français (PS) et le Parti social-démocrate allemand (SPD). Ces alliances reposaient sur des valeurs communes : justice sociale, égalité, et lutte contre le fascisme.
Des figures comme Golda Meir et David Ben Gourion incarnaient ce lien fort avec la gauche internationale. Ces leaders travaillaient étroitement avec les syndicats européens, les mouvements ouvriers et les partis progressistes pour renforcer le soutien à Israël.
Le basculement vers la droite : le cas du Likoud
Avec l’arrivée du Likoud au pouvoir, Israël modifie ses alliances internationales. Les relations avec les partis socialistes s’effritent, au revenue de rapprochements avec les conservateurs occidentaux. Aux États-Unis, le Likoud trouve un allié naturel chez les républicains, notamment sous les administrations de Ronald Reagan et de Donald Trump. Ces relations s’inscrivent dans une stratégie de défense commune face à des ennemis perçus comme communs, tels que l’Iran.
En Europe, le Likoud se rapproche des partis de droite populistes et conservateurs. Le soutien explicite de Benjamin Netanyahou à des figures comme Viktor Orbán en Hongrie ou Matteo Salvini en Italie illustre ce glissement. Plus récemment, le rapprochement entre Netanyahou et le Rassemblement nationwide en France reflète cette stratégie d’alliance avec des partis autrefois considérés comme hostiles à Israël. Ce changement est marqué par une convergence idéologique sur des thèmes comme la lutte contre l’immigration, la lutte contre l’islamisme, la souveraineté nationale et le rejet du multilatéralisme.
Le rôle des mouvements religieux et messianiques dans cette évolution
La montée en puissance des courants religieux au sein du sionisme a également influencé les alliances internationales d’Israël. Les partis religieux, comme Shas ou le Parti sioniste religieux, ont renforcé leur affect politique, notamment dans les gouvernements de coalition dirigés par le Likoud. Ces partis ont poussé Israël à adopter une politique plus alignée sur les intérêts des évangéliques américains considérés comme sionistes chrétiens.
Le soutien des évangéliques aux États-Unis
Les chrétiens évangéliques aux États-Unis, fervents partisans d’Israël, jouent un rôle déterminant dans les alliances israéliennes contemporaines. Leur soutien repose sur une lecture théologique selon laquelle le retour des Juifs en Terre sainte est une situation préalable à la seconde venue du Christ. Cette alliance, bien que paradoxale sur le plan idéologique, a renforcé le lien entre Israël et les républicains américains.
Conséquences pour la société israélienne
Fragmentation interne
Cette évolution a accentué les divisions au sein de la société israélienne. D’un côté, une partie de la inhabitants reste attachée aux idéaux progressistes d’origine. De l’autre, les courants nationalistes et religieux dominent le paysage politique, rendant toute réconciliation difficile. Cette polarisation se reflète également dans les tensions autour des colonies, perçues par certains comme un impediment à la paix et par d’autres comme une mission divine.
Isolement worldwide
Le glissement vers des alliances avec des régimes autoritaires ou populistes a également isolé Israël sur la scène internationale. Bien que les relations avec les États-Unis restent solides, le soutien des pays européens progressistes a diminué. Cette state of affairs complique les efforts diplomatiques pour résoudre le conflit israélo-palestinien et nuit à l’picture d’Israël en tant que démocratie pluraliste.
L’influence sur le processus de paix
Les colonies ont un effet profond sur les négociations de paix. Elles fragmentent le territoire palestinien, empêchant la continuité territoriale nécessaire à la création d’un État palestinien viable. Selon des rapports des Nations unies, ces implantations violent le droit worldwide, mais Israël, soutenu par des gouvernements nationalistes, poursuit leur enlargement.
En 2024, on estime que plus de 700 000 colons vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, avec des infrastructures spécifiques (routes, écoles, zones industrielles) qui renforcent l’annexion de facto.
Une mutation profonde et des tensions persistantes
Le sionisme, qui a débuté comme une idéologie émancipatrice et progressiste, s’est transformé en un projet dominé par des dynamiques nationalistes, religieuses et expansionnistes. Cette évolution a permis à Israël de devenir une puissance régionale, mais au prix de tensions internes et d’un conflit persistant avec les Palestiniens.
Le contraste entre les idéaux socialistes des kibboutz et les réalités actuelles des colonies illustre cette transformation. Alors que certains continuent de prôner une imaginative and prescient démocratique et inclusive pour Israël, d’autres, influencés par des idéologies messianiques, cherchent à imposer une domination sur l’ensemble des territoires revendiqués qui va bien au-delà des frontières actuelles de ce pays. L’avenir du sionisme dépendra de la capacité de la société israélienne à naviguer entre ces visions opposées.
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