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Nawaf Salam : le sauveur ou le sacrifié face à un Liban en ruines ?
Depuis sa prise de fonction en février 2025, Nawaf Salam, juriste émérite et ancien juge à la Cour internationale de Justice, se bat pour redonner espoir à un Liban au bord du précipice. La crise économique est cataclysmique : un PIB dégringolé de 55 à 31 milliards de {dollars} en cinq ans (Banque mondiale, 2024), une livre libanaise pulvérisée de 98 % à 120 000 LBP pour 1 greenback (Banque du Liban, 2023), et 82 % des 6 thousands and thousands de Libanais plongés sous le seuil de pauvreté (UNICEF, 2024). Les bailleurs étrangers – Fonds Monétaire Worldwide (FMI), France, Arabie saoudite – scrutent ses moindres faits et gestes, exigeant des réformes radicales avant de lâcher le moindre centime.
Mais Salam est sous une pression digne d’un étau. Les échecs passés, comme l’accord FMI de 2022 torpillé par un foyer bancaire vorace et des politiciens corrompus (Reuters, 2022), pèsent lourd dans les esprits. Il enchaîne les discours pleins d’élan – « Nous sommes prêts à tout changer » (mars 2025) – et les marathons diplomatiques, mais les fractures internes du pays menacent de transformer ses ambitions en mirage. La communauté internationale, lassée par cinq ans de promesses creuses, veut des preuves tangibles, et chaque jour sans motion rapproche le Liban d’un effondrement irréversible.
Réformes ou chaos : les exigences explosives qui tiennent Salam en haleine
Les partenaires étrangers ne transigent pas : sans un bouleversement structurel, le Liban restera à sec. Quatre réformes majeures, aussi vitales qu’épineuses, dominent les négociations avec le FMI et les donateurs, mettant Salam face à des choix déchirants.
La restructuration du secteur bancaire est une grenade dégoupillée au cœur de l’économie. Les pertes colossales, estimées entre 70 et 100 milliards de {dollars}, nécessitent un haircut brutal – 30 à 50 % sur les dépôts supérieurs à 500 000 {dollars} – pour purger un système au bord de l’implosion. Un audit indépendant, réclamé depuis 2020, doit révéler l’ampleur du désastre, mais les grandes familles bancaires (Audi, SGBL, Blom) et l’Affiliation des banques libanaises (ABL) ont déjà étouffé cette transparence, sauvegardant leurs 40 milliards exfiltrés offshore (Arab Middle Washington DC, 2023). « Mes 20 000 {dollars} sont prisonniers, pendant que les riches s’envolent », s’indigne Mona, 38 ans, employée à Beyrouth. Les petits épargnants risquent de trinquer pour les erreurs des puissants, une pilule amère qui pourrait embraser les rues.
La réforme des dépenses publiques est un couperet prêt à tomber sur un État obèse et dysfonctionnel. Le déficit, qui culminait à 10 % du PIB en 2019 (Banque mondiale, 2024), doit être dompté en supprimant des subventions ruineuses – 1 milliard de {dollars} par an pour le mazout avant 2022 – et en taillant dans une administration gangrénée par 30 % de fonctionnaires fantômes, selon des audits internes. Moderniser la collecte fiscale, effondrée à 2 milliards en 2024 contre 10 en 2018, est une nécessité criante, mais la bureaucratie corrompue et les élites intouchables bloquent toute avancée. Ces coupes, si elles passent, pourraient déclencher une révolte dans un pays où un sac de riz coûte désormais 300 000 LBP – une fortune pour des salaires de misère.
La lutte contre la corruption est un cri de guerre worldwide, mais un murmure au Liban. Classé 154e sur 180 à l’indice de notion (Transparency Worldwide, 2023), le pays doit lancer des enquêtes sérieuses contre les responsables – Riad Salamé, ex-gouverneur de la BDL, est accusé d’avoir imprimé 60 trillions de LBP pour masquer le gouffre – et instaurer un mécanisme indépendant pour gérer les aides. Mais les élites, qui siphonnent 40 % des fonds publics, ont déjà étouffé des tentatives similaires, transformant la transparence en chimère. « On sait qui vole, mais personne ne bouge », peste Ali, 45 ans, commerçant à Saïda.
La libéralisation du marché des modifications est une mission suicide pour stabiliser une monnaie en chute libre. Le système aberrant de 10 taux (de 1 500 à 120 000 LBP) alimente un marché noir qui représente 80 % des transactions en 2024. Un taux unifié et flottant est indispensable pour restaurer la confiance, mais la BDL, avec seulement 8 milliards de réserves contre 35 en 2019, n’a plus les moyens de tenir la livre. Sans injection large de {dollars}, cette réforme reste un vœu pieux, laissant les investisseurs fuir un pays sans boussole financière.
Le Liban en otage : les luttes internes qui sabotent tout espoir
Salam proclame sa volonté de fer – « Nous irons jusqu’au bout » (février 2025) – mais son gouvernement est un champ de ruines politiques. Le Hezbollah et ses alliés, piliers de l’économie parallèle by way of les banques et les subventions, rejettent toute réforme qui éroderait leur pouvoir. En 2022, ils ont bloqué l’audit de la BDL pour protéger leurs réseaux financiers, une manœuvre qui a coulé l’accord FMI (Arab Middle Washington DC, 2022). « Ils préfèrent un pays en faillite qu’un pays sans eux », accuse un économiste anonyme à Tripoli en 2025.
Les élites bancaires, predominant dans la predominant avec des partis comme le Courant du Futur, s’opposent au haircut avec une férocité sans faille. Leur stratégie : transférer les pertes sur l’État – une facture de 20 milliards pour les contribuables – plutôt que toucher à leurs fortunes. Leur affect a déjà annihilé le contrôle des capitaux en 2021, laissant les petits déposants dans le vide. Les partis traditionnels, eux, tremblent à l’idée que la lutte contre la corruption révèle leurs propres turpitudes : contrats fictifs dans les ports, détournements dans les télécoms – des scandales qui dorment dans les tiroirs.
Ces divisions clouent Salam au sol. « Je veux avancer, mais mes mains sont liées », a-t-il lâché lors d’un sommet à Paris en mars 2025. Chaque tentative de réforme se heurte à un mur de veto, transformant son gouvernement en une coquille vide et les espoirs de redressement en une lointaine phantasm.
France et Arabie saoudite : des alliés exigeants qui serrent la vis
La France et l’Arabie saoudite, piliers historiques du Liban, ne lâchent rien. Paris, avec son pragmatisme teinté d’humanisme, soutient un plan graduel : 500 thousands and thousands d’euros promis en 2023 pour la santé et l’éducation (Élysée, 2021) restent suspendus à des avancées sur la transparence et la modernisation administrative. Macron, lors d’une visite en février 2025, a été clair : « L’aide suivra les actes, pas les paroles. » Mais la France ménage le Hezbollah pour éviter une explosion interne, une prudence qui irrite certains partenaires et ralentit les décisions.
Riyad, en revanche, brandit une ligne rouge implacable. Aucun financement – potentiellement 2 milliards – ne viendra sans une rupture nette avec le Hezbollah et une purge de la corruption. « Pas un greenback pour un système pourri », a tranché un diplomate saoudien en 2024. Cette fermeté, héritée de la crise Hariri de 2017 et de l’interdiction des importations libanaises en 2021 (Arab Middle Washington DC, 2021), met Salam dans une place intenable : céder à Riyad risque une révolte chiite ; suivre Paris retarde les fonds saoudiens, cruciaux pour relancer une économie asphyxiée.
Ces pressions croisées transforment Salam en équilibriste sur un fil prêt à céder. La France veut des preuves immédiates, l’Arabie saoudite des bouleversements radicaux – un dilemme qui teste sa capacité à unir un pays fracturé.
Alerte rouge : l’isolement financier qui guette le Liban
Si Salam échoue à livrer ces réformes, le Liban risque un naufrage financier sans retour. Le FMI, relancé en 2025 avec un prêt potentiel de 4 milliards, pourrait claquer la porte définitivement, comme en 2022, laissant le pays sans bouée de sauvetage (Reuters, 2022). Les investisseurs, déjà rares – IDE tombés de 10 milliards en 2018 à 1 milliard en 2023 (UNCTAD, 2023) – fuiront un pays sans plan crédible, accélérant une hémorragie de capitaux qui a déjà vu 40 milliards s’évaporer offshore depuis 2010.
Les pays du Golfe, jadis généreux avec des dépôts comme les 3 milliards saoudiens de 2011, risquent de couper les ponts pour de bon. L’Arabie saoudite et les Émirats ne financeront pas un État perçu comme un pion iranien by way of le Hezbollah. La diaspora, lifeline avec 7 milliards annuels avant la crise, réduit ses transferts – 30 % de moins en 2024 (UNICEF, 2024) – faute de confiance dans un système bancaire en ruine. Sans aide, l’inflation pourrait bondir à 300 % d’ici fin 2025, les providers publics – hôpitaux à 40 % de capacité, écoles fermées – s’effondrer totalement, et la pauvreté engloutir 90 % de la inhabitants.
Le spectre d’un Liban isolé hante les nuits de Salam. Chaque jour sans progrès rapproche le pays d’une descente aux enfers, où même les maigres rations de ache – 300 000 LBP le sac – deviendront un luxe hors de portée.
Salam à la croisée des destins : triomphe ou chute dans l’oubli ?
Nawaf Salam joue sa crédibilité, et celle du Liban, sur un fil ténu. S’il parvient à rallier ses partenaires – un audit bancaire lancé avant l’été, des subventions rationalisées, un taux de change unifié – il pourrait débloquer 6 milliards (FMI, France, Riyad), gonflant les réserves à 14 milliards et offrant un sursis à l’économie. Les hôpitaux pourraient rouvrir leurs blocs opératoires, les écoles accueillir à nouveau des élèves, et les investisseurs, timidement, revenir. « Ce serait un miracle, mais je n’abandonne pas », a-t-il déclaré en mars 2025, galvanisé par l’idée de redonner espoir à un peuple brisé.
Mais les obstacles sont monstrueux. Le Hezbollah menace de faire tomber son gouvernement si son pouvoir est rogné, avec des manifestations chiites prêtes à enflammer Beyrouth. Les banquiers, tapis dans l’ombre, mobilisent leurs réseaux au Parlement pour bloquer le haircut, prêts à sacrifier l’État pour sauver leurs privilèges. Les partis traditionnels, terrifiés par des enquêtes qui exposeraient leurs décennies de pillage – ports, télécoms, contrats fictifs – préfèrent un statu quo mortifère. « Si je ne livre pas, je suis fini », a-t-il confié en privé à un proche en mars 2025, conscient que son échec signerait la fin de sa légitimité.
Les semaines à venir seront un verdict impitoyable. Une nouvelle deadlock institutionnelle – retour au vide présidentiel, paralysie parlementaire – transformerait les émeutes de janvier 2025, avec leurs pneus brûlés à Beyrouth, en révolte généralisée. Salam peut-il briser les chaînes d’un système pourri pour sauver son pays, ou le Liban sombrera-t-il dans un abîme où même les cris de désespoir s’éteindront ? Le compte à rebours est lancé, et chaque seconde résonne comme un ultimatum.
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