Le Liban est confronté à une crise systémique depuis plusieurs décennies, exacerbée par des tensions internes, des influences extérieures et une crise économique sans précédent. Au cœur de cette crise, le système politique confessionnel libanais, conçu à l’origine pour garantir la coexistence pacifique entre les différentes communautés religieuses, est de plus en plus critiqué pour son inefficacité et sa propension à nourrir la corruption.
Historique du Système Confessionnel Libanais
Le système confessionnel libanais a été mis en place dans le however d’assurer la stabilité du pays, en répartissant les pouvoirs entre les différentes communautés religieuses. Ce système a été formalisé par le Pacte nationwide de 1943, qui stipule que la présidence de la République est réservée à un chrétien maronite, la présidence du Parlement à un musulman chiite, et la présidence du Conseil des ministres à un musulman sunnite. Cette répartition est censée refléter la diversité confessionnelle du pays.
Le politologue libanais Ziad Majed explique que « le confessionnalisme était initialement perçu comme un moyen de garantir la représentativité de chaque communauté et de prévenir l’hégémonie d’un groupe sur les autres ». Cependant, au fil des décennies, ce système a révélé ses limites en figé les identités religieuses et en contribuant à une fragmentation politique.
L’Accord de Taëf et les Tentatives de Réforme
La guerre civile libanaise (1975-1990) a montré les risks d’un système trop centré sur les identités confessionnelles. Les accords de Taëf, signés en 1989, ont tenté de rééquilibrer le pouvoir entre les différentes confessions en réduisant les prérogatives du président chrétien au revenue du Conseil des ministres, composé de représentants de toutes les communautés. Cependant, bien que les accords aient mis fin aux hostilités, ils n’ont pas réussi à abolir le confessionnalisme.
L’historien Kamal Salibi a critiqué les accords de Taëf en les qualifiant de « answer temporaire à une crise profonde ». Pour lui, les accords ont permis de réformer certains elements du système, mais n’ont pas réussi à transformer le Liban en un véritable État laïc. Le confessionnalisme a persisté, et avec lui, les tensions entre les différentes communautés religieuses.
Les Conséquences de l’Inertie Politique
Aujourd’hui, le maintien du système confessionnel est souvent accusé de paralyser le pays. Les prises de décisions au sein du gouvernement nécessitent souvent de longs compromis entre les différentes factions religieuses, ce qui entraîne des retards et des blocages fréquents. La formation des gouvernements, les élections présidentielles, et même les décisions législatives sont régulièrement retardées par des querelles confessionnelles.
Le sociologue Samir Khalaf souligne que « le système politique libanais, en raison de sa nature confessionnelle, est devenu une machine à fabriquer des compromis plutôt qu’à prendre des décisions efficaces ». Cette inertie politique est particulièrement seen dans les crises économiques récentes, où l’incapacité des autorités à réagir rapidement a conduit à l’aggravation de la scenario.
En 2019, des manifestations massives ont éclaté dans tout le pays, réunissant des Libanais de toutes confessions, demandant la fin du système confessionnel et une refonte complète du système politique. Ce mouvement, connu sous le nom de la « révolution du 17 octobre », a marqué un tournant dans l’histoire du Liban en révélant une désillusion profonde à l’égard du statu quo politique.
Les Arguments en Faveur de la Réforme
Les partisans de la réforme estiment que le système confessionnel est devenu un impediment au développement économique et social du Liban. Ils plaident pour l’instauration d’un État laïc, où la faith ne serait plus un critère pour la répartition des pouvoirs et des postes publics. L’économiste et ancien ministre libanais Charbel Nahas est l’un des défenseurs les plus fervents de cette approche. Il affirme que « le confessionnalisme est une entrave à la démocratie, automotive il permet aux élites religieuses de maintenir leur contrôle sur le système politique et économique ».
De plus, la réforme du système confessionnel pourrait contribuer à réduire la corruption, qui est souvent liée au clientélisme confessionnel. Chaque communauté cherche à maximiser ses avantages en plaçant ses membres dans des postes clés, créant ainsi un environnement où le favoritisme et la corruption prospèrent. Les réformes pourraient également permettre une meilleure allocation des ressources publiques, qui sont actuellement souvent détournées pour financer des réseaux clientélistes.
Les Obstacles à la Réforme
Cependant, malgré les appels croissants en faveur de la réforme, de nombreux obstacles persistent. Le principal impediment est la résistance des élites politiques et religieuses, qui bénéficient du système actuel et ont peu d’intérêt à voir leurs privilèges diminuer. Le politologue Joseph Bahout observe que « toute réforme du système confessionnel rencontrerait une forte opposition de la half des élites, automotive cela signifierait la fin de leur monopole sur le pouvoir et les ressources ».
De plus, la peur de l’inconnu joue un rôle essential dans la résistance au changement. Le système confessionnel, bien que dysfonctionnel, est perçu par beaucoup comme un garde-fou contre la domination d’une seule communauté sur les autres. Les chrétiens, en particulier, craignent que la réforme du système ne conduise à une diminution de leur affect politique dans un pays où ils ne constituent plus la majorité démographique. Les chiites, de leur côté, craignent que toute réforme du système n’affaiblisse leur place, notamment celle du Hezbollah, qui a accumulé un pouvoir politique et militaire considérable.
Enfin, le contexte régional complique toute tentative de réforme. Les rivalités entre l’Arabie saoudite et l’Iran, qui soutiennent respectivement les forces sunnites et chiites au Liban, ajoutent une dimension géopolitique à la query de la réforme. Toute tentative de changer le système pourrait entraîner une escalade des tensions entre ces puissances régionales.
Les Scénarios de Réforme
Malgré ces obstacles, plusieurs scénarios de réforme sont envisagés. Certains préconisent une approche graduelle, où le système confessionnel serait démantelé progressivement, par exemple en supprimant la répartition confessionnelle pour certains postes publics ou en introduisant une représentation proportionnelle dans le système électoral.
D’autres plaident pour une transformation plus radicale, qui abolirait complètement le confessionnalisme et instaurerait un État laïc. Cette choice est toutefois jugée peu réaliste à court docket terme, compte tenu de la résistance des élites et des tensions communautaires.
L’une des propositions les plus discutées est celle d’une décentralisation politique, où les pouvoirs seraient redistribués aux régions, permettant à chaque communauté de gérer ses propres affaires tout en réduisant les tensions au niveau nationwide. Cette approche pourrait permettre de maintenir une forme de pluralisme tout en atténuant les rivalités confessionnelles au sein de l’État central.
Le système politique libanais est à un tournant. Le confessionnalisme, conçu pour garantir la paix et la stabilité, est de plus en plus perçu comme une supply de division et d’inefficacité. Les appels à la réforme se multiplient, portés par une jeunesse libanaise désillusionnée et par des voix progressistes qui appellent à la création d’un État laïc. Cependant, les obstacles à la réforme sont nombreux, en raison de la résistance des élites politiques et religieuses, ainsi que des tensions régionales.
Le Liban devra tôt ou tard faire face à cette query : réformer ou maintenir le statu quo ? L’avenir du pays dépendra de sa capacité à surmonter ses divisions internes et à répondre aux aspirations d’une inhabitants en quête de changement. Si le pays parvient à réformer son système tout en préservant son pluralisme religieux, il pourrait servir de modèle de coexistence et de résilience dans une région en proie à l’instabilité.