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Le Liban, autrefois réputé pour son secteur bancaire robuste, est aujourd’hui confronté à une crise de confiance profonde. Depuis l’effondrement économique de 2019, les banques libanaises ont perdu leur crédibilité auprès des citoyens et de la diaspora, en raison de restrictions sévères sur les retraits et transferts, ainsi que d’accusations de corruption. Alors que des réformes sont indispensables pour stabiliser le système, les efforts de restructuration restent bloqués par des intérêts divergents et une paralysie politique.
Un système bancaire autrefois florissant
Jusqu’en 2019, les banques libanaises représentaient l’un des piliers de l’économie nationale. Grâce à des taux d’intérêt attractifs, elles attiraient des dépôts massifs, notamment de la diaspora. Selon « Al Joumhouriyat » (20 décembre 2024), ces establishments géraient plus de 170 milliards de {dollars} d’actifs, soit environ quatre fois le PIB du pays.
Cependant, ce modèle s’est révélé insoutenable. Les banques ont massivement investi dans des titres de dette souveraine pour financer l’État, exposant le secteur à un risque élevé. Lorsque le gouvernement a fait défaut sur sa dette en 2020, la confiance s’est effondrée, précipitant la crise actuelle.
Restrictions bancaires : une perte de confiance généralisée
Depuis le début de la crise, les banques ont imposé des restrictions informelles sur les retraits en devises étrangères, limitant les citoyens à des montants dérisoires. « Al Liwa » (20 décembre 2024) rapporte que ces mesures, combinées à une dévaluation huge de la livre libanaise, ont provoqué une colère généralisée.
Les principales conséquences incluent :
- L’érosion de l’épargne : Les déposants ont vu leurs économies fondre en raison de la dévaluation et des taux de change multiples.
- La diaspora lésée : De nombreux expatriés, qui avaient confié leurs fonds aux banques libanaises, peinent à récupérer leur argent.
- La méfiance internationale : Les establishments financières étrangères ont réduit leurs interactions avec le système bancaire libanais, aggravant l’isolement économique du pays.
Un projet de restructuration bloqué
La restructuration du secteur bancaire est au cœur des négociations avec le FMI, qui conditionne son aide à la mise en œuvre de réformes profondes. Cependant, ces efforts restent bloqués par des divergences entre les events prenantes.
Selon « Al Arabi Al Jadid » (20 décembre 2024), le gouvernement et les banques ne parviennent pas à s’accorder sur :
- Le partage des pertes : Les banques refusent de supporter la majeure partie des pertes, estimées à plus de 70 milliards de {dollars}, arguant que l’État en est responsable.
- La recapitalisation : Les investisseurs étrangers, qui pourraient contribuer à recapitaliser le secteur, hésitent en raison de l’instabilité politique et de l’absence de transparence.
Accusations de corruption et manque de responsabilité
La crise bancaire libanaise est aggravée par des accusations de corruption systémique. « Al Quds » (20 décembre 2024) rapporte que plusieurs dirigeants de banques sont soupçonnés d’avoir transféré leurs fonds à l’étranger avant l’instauration des restrictions, privant ainsi les citoyens de leurs économies.
En outre, le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, a été accusé de mauvaise gestion et d’enrichissement personnel, ce qui a renforcé la méfiance envers le système. Les tentatives de mener des enquêtes indépendantes se heurtent à des résistances politiques, entravant tout effort de responsabilisation.
L’affect sur l’économie et la société
La paralysie du système bancaire a des répercussions profondes sur l’économie et la société libanaises :
- Déclin de l’activité économique : Les entreprises, en particulier les PME, manquent d’accès au crédit, ce qui freine la reprise économique.
- Fuite des capitaux : Les restrictions bancaires ont poussé de nombreux Libanais à transférer leurs fonds vers des banques étrangères ou à opter pour des systèmes alternatifs comme les crypto-monnaies.
- Exode des compétences : L’incapacité des jeunes diplômés à accéder à des opportunités économiques au Liban a accéléré leur départ à l’étranger, aggravant la fuite des cerveaux.
Des options encore possibles ?
Malgré l’ampleur de la crise, des options existent pour restaurer la confiance dans le système bancaire. Les mesures recommandées incluent :
- Un audit complet des banques : Identifier les pertes réelles et déterminer les responsabilités pour établir une base de confiance.
- La recapitalisation through des investisseurs étrangers : Fournir des incitations pour attirer des capitaux frais tout en garantissant une transparence accrue.
- La mise en place d’un fonds de garantie des dépôts : Protéger les épargnants et encourager le retour des dépôts.
- La réforme judiciaire : Garantir l’indépendance des enquêtes sur la corruption dans le secteur bancaire.
Un avenir incertain sans réformes
Si ces réformes ne sont pas mises en œuvre rapidement, le Liban risque de prolonger son effondrement économique. « An-Nahar » (20 décembre 2024) souligne que l’absence de restructuration prive le pays de l’aide internationale et empêche toute reprise sturdy.
Cependant, les obstacles politiques, combinés à l’affect des élites bancaires, rendent ces réformes difficiles à réaliser. Pour que le Liban retrouve un système bancaire fonctionnel, il faudra surmonter ces blocages et rétablir la confiance des citoyens et des partenaires étrangers.
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