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En mars 2025, le théâtre libanais oscille entre une résilience héroïque et un abandon silencieux, reflet d’un pays déchiré par la crise. Jadis un bastion de contestation et d’expression sociale, des fastes du Théâtre de Beyrouth dans les années 1970 aux troupes indépendantes qui animent encore les ruelles de la capitale, cette forme d’artwork lutte pour survivre dans un contexte économique et politique suffocant. La crise économique, amorcée en 2019, a forcé des salles emblématiques comme le Théâtre Monnot et le Métro Al Madina à réduire drastiquement leurs activités, incapables de couvrir des frais d’exploitation exorbitants dans un pays où la livre a perdu 95 % de sa valeur. Les artistes, souvent contraints de jouer sans salaire, dépendent du bouche-à-oreille et des collectes de fonds sur les réseaux sociaux pour financer leurs spectacles. En parallèle, une censure gouvernementale persistante étouffe les œuvres audacieuses qui osent critiquer la classe politique ou explorer des thèmes tabous comme l’homosexualité et la laïcité. Entre précarité, exode des abilities et élitisme croissant, le théâtre libanais, autrefois vibrant, risque de devenir une relique d’un passé révolu, malgré les efforts acharnés d’une communauté artistique déterminée à résister.
Une custom théâtrale ancrée dans l’histoire
Le théâtre libanais a longtemps été un miroir des convulsions sociales et politiques du pays. Dans les années 1970, avant que la guerre civile (1975-1990) ne déchire le tissu nationwide, le Théâtre de Beyrouth, situé dans le quartier animé de Hamra, était un épicentre culturel où des dramaturges comme Ziad Rahbani mêlaient satire politique et musique pour captiver des foules avides de réflexion. Ses pièces, telles que Bennesbeh Labokra Chou ? en 1978, dénonçaient avec humour les élites corrompues et les tensions communautaires, attirant des spectateurs de toutes confessions dans une salle de 500 locations souvent pleine. À cette époque, Beyrouth, surnommée « la perle de l’Orient », comptait une dizaine de théâtres permanents, dont le Piccadilly et le Théâtre du On line casino, qui accueillaient des productions locales et internationales, des comédies légères aux drames existentialistes.
La guerre civile a mis un frein à cette effervescence, mais le théâtre a survécu, souvent dans des caves ou des espaces improvisés. Après 1990, une renaissance a vu naître des lieux comme le Théâtre Monnot, ouvert en 1998 dans le quartier chrétien d’Achrafieh, et le Métro Al Madina, lancé en 2012 à Hamra, qui ont redonné vie à une scène indépendante. Ces salles, modestes mais audacieuses, ont accueilli des pièces comme Hikayat min Hal Zaman en 2015, qui explorait les cicatrices de la guerre, ou Doueihy en 2018, une satire sur la corruption endémique. En 2025, malgré les crises, cette custom de contestation perdure : des troupes comme Zeina Daccache avec son théâtre thérapeutique ou les collectifs indépendants de Mar Mikhaël continuent de porter des messages de résistance, même si leurs moyens s’amenuisent.
Cette résilience historique contraste avec la réalité actuelle. En 2025, le théâtre libanais, jadis un espace de communion populaire, est devenu un luxe pour une minorité, écrasé par une crise économique qui a vidé les caisses publiques et privées, et une censure qui bride son souffle contestataire. Entre les années dorées et la précarité d’aujourd’hui, il incarne à la fois la mémoire d’un Liban créatif et les stigmates d’un pays en déroute.
La crise économique : un coup deadly aux salles
L’effondrement économique du Liban, amorcé en 2019, a frappé le théâtre de plein fouet. Avec une livre dévaluée à 150 000 pour un greenback sur le marché noir en mars 2025 – contre 1 500 avant la crise – et un PIB réduit à 18 milliards de {dollars} contre 55 milliards en 2018, les establishments culturelles sont devenues des victimes collatérales d’une disaster financière. Le Théâtre Monnot, une salle de 200 locations connue pour ses productions expérimentales, a fermé ses portes en novembre 2023, incapable de payer un loyer mensuel passé de 2 000 {dollars} à l’équivalent de 20 {dollars} au taux officiel, mais 500 {dollars} au taux réel, une somme prohibitive pour une construction sans subventions. Le Métro Al Madina, un espace alternatif de 150 locations, a suspendu ses activités régulières en juillet 2024, ne fonctionnant plus qu’épisodiquement grâce à des dons privés, ses frais d’électricité – 300 {dollars} par mois avec seulement deux heures de courant public – dépassant les recettes d’une saison entière.
Avant 2019, ces théâtres survivaient grâce à un mélange de billetterie – 20 {dollars} le billet en moyenne – et de mécénat native, souvent des expatriés libanais ou des entreprises comme la Banque Audi. En 2025, ce modèle s’est effondré : les billets, désormais à 10 {dollars} au taux du marché noir (soit 1,5 million de livres), restent hors de portée pour 85 % de la inhabitants vivant sous le seuil de pauvreté, tandis que les mécènes, ruinés ou partis, ne versent plus que des sommes symboliques – 50 000 {dollars} collectés en 2024 contre 200 000 en 2018. Les coûts d’exploitation, eux, explosent : une génératrice pour une représentation coûte 100 {dollars} en carburant, et la upkeep des équipements vétustes, comme les projecteurs du Théâtre Monnot, atteint 1 000 {dollars} par an, contre 200 avant la crise.
Les artistes, eux, jouent souvent bénévolement. En février 2025, une troupe de Gemmayzé a monté Harb w Hawa, une pièce sur la guerre de 2024 contre Israël qui a tué 4 100 personnes, dans une salle louée pour 50 {dollars} grâce à une collecte sur Instagram ayant réuni 2 000 {dollars} en une semaine. Ces initiatives, bien que créatives, ne compensent pas la fermeture de 70 % des théâtres permanents depuis 2019 – une quinzaine de salles à Beyrouth, Tripoli et Saïda. Le Théâtre Piccadilly, fermé depuis les années 1980 et jamais rouvert malgré des promesses en 2012, symbolise cet abandon : en 2025, ses 700 sièges pourrissent sous la poussière, faute de 5 thousands and thousands de {dollars} pour sa restauration, une somme hors de portée dans un pays en faillite.
La censure : un étau sur la liberté d’expression
La crise économique n’est pas le seul fléau du théâtre libanais : la censure gouvernementale, exercée par la Sûreté générale et le ministère de l’Intérieur, étouffe les œuvres les plus engagées. En 2025, toute pièce doit être soumise à un comité de censure avant représentation, une pratique héritée de l’époque ottomane et renforcée sous le mandat français (1920-1943). Ce comité, composé de fonctionnaires souvent liés aux factions politiques dominantes – Hezbollah, Amal, Forces libanaises – rejette ou amende les textes critiquant la classe dirigeante ou abordant des sujets sensibles comme l’homosexualité, la laïcité ou les divisions confessionnelles.
En janvier 2025, une pièce intitulée Min Qal – qui dénonçait la corruption ayant conduit à l’explosion du port de Beyrouth en 2020 (218 morts, 15 milliards de {dollars} de dégâts) – a été interdite après une répétition publique à Mar Mikhaël, sous prétexte qu’elle « incitait à la discorde ». En 2024, Lila w Layl, une comédie explorant une histoire d’amour entre deux femmes, a vu son texte amputé de 30 % par la censure, qui a exigé la suppression des scènes explicites, forçant la troupe à annuler la tournée prévue à Tripoli et Saïda. Ces interventions, qui touchent 40 % des productions indépendantes selon une estimation de 2025, découragent les dramaturges : en 2024, 15 pièces sur 50 proposées ont été retoquées ou abandonnées avant même leur première.
La censure ne s’arrête pas aux textes. En février 2025, une efficiency de rue à Hamra, Al-Ard Tabqa, critiquant l’inaction face à la guerre de 2024, a été dispersée par la police après 20 minutes, avec trois comédiens arrêtés pour « bother à l’ordre public » et relâchés après 48 heures. Cette répression, combinée à l’affect des factions religieuses – le Hezbollah bloque les pièces jugées « immorales », les évêques maronites celles prônant la laïcité – limite le théâtre à des sujets consensuels ou apolitiques, comme des comédies légères ou des variations classiques, au détriment de son rôle historique de contestation. Dans un pays où la liberté d’expression est un mythe fragile – 35 % des Libanais approuvent le gouvernement Salam en mars 2025, contre 60 % en janvier – le théâtre paie le prix d’un contrôle politique qui le réduit au silence.
Des espaces improvisés : la survie hors des murs
Face à la fermeture des salles et à la censure, les artistes libanais se réinventent dans des lieux de fortune. En 2025, les cafés, galeries d’artwork et rues de Beyrouth deviennent des scènes de substitution. À Gemmayzé, le café Zico Home, une maison ottomane reconvertie, a accueilli 20 spectacles en 2024, avec des chaises pliantes pour 50 spectateurs payant 5 {dollars} par tête. À Mar Mikhaël, la galerie Tanit, dévastée par l’explosion de 2020 mais restaurée avec des dons privés, héberge des performances intimistes – 30 personnes most – sur des thèmes comme la résilience post-guerre. Dans le quartier de Badaro, des troupes jouent dans des parkings ou sur des balcons, attirant des passants par des affiches collées la veille.
Cette improvisation, bien qu’ingénieuse, fragilise la professionnalisation du théâtre. En 2025, 80 % des comédiens travaillent sans contrat, contre 40 % en 2018, et les répétitions se limitent à des classes de 10 heures sur une semaine, faute de lieux fixes. Une pièce comme Layl Beirut, montée en février 2025 dans un café de Hamra, a mobilisé 15 acteurs pour une seule représentation devant 40 spectateurs, sans décor ni éclairage professionnel, réduisant l’expérience à une lecture scénique plutôt qu’à une manufacturing aboutie. Ces circumstances, aggravées par l’absence de subventions – le ministère de la Tradition n’a alloué que 3 300 {dollars} au théâtre en 2025, contre 500 000 en 2018 – transforment un artwork structuré en une pratique de survie, où la ardour supplée les moyens.
Les collectes de fonds sur les réseaux sociaux, through des plateformes comme GoFundMe ou Instagram, sont devenues vitales. En janvier 2025, une campagne pour Hikayat al-Jabal, une pièce sur les déplacés de la guerre de 2024, a levé 3 000 {dollars} en 10 jours, couvrant la location d’une salle privée à Achrafieh pour deux soirs. Ces efforts, bien que louables, dépendent d’une diaspora libanaise – 1,5 million d’émigrés depuis 2019 – et d’un public native réduit, limitant leur portée. En 2025, sur 50 spectacles montés à Beyrouth, 35 ont eu moins de trois représentations, contre 10 en moyenne avant la crise, un signe de l’épuisement d’une scène qui se bat pour exister.
L’exode des abilities : une hémorragie culturelle
La précarité du théâtre libanais pousse ses abilities vers l’exode. En 2025, 350 000 Libanais ont quitté le pays depuis 2023, portant le whole des émigrés à 1,5 million, soit un quart de la inhabitants. Parmi eux, des comédiens, metteurs en scène et dramaturges, formés dans des écoles comme l’Université Saint-Joseph ou l’Académie libanaise des beaux-arts, cherchent des opportunités en Europe et dans le Golfe. En 2024, 20 % des 500 membres actifs de l’Union des artistes de théâtre, créée en 1995, ont émigré, dont des figures comme Randa Asmar, partie à Paris pour diriger une troupe bilingue, ou Hadi Jaber, qui enseigne le théâtre à Dubaï après avoir abandonné une carrière à Beyrouth.
Cet exode draine une génération de abilities. Avant 2019, Beyrouth produisait 80 pièces par an, dont 30 par des jeunes dramaturges explorant des thèmes comme l’identité post-guerre ou les inégalités sociales. En 2025, ce chiffre est tombé à 50, avec seulement 10 créations originales, les autres étant des reprises ou des variations à faible coût. Les départs, souvent vers la France – où 300 000 Libanais vivent en 2025 – ou les Émirats arabes unis, où les salaires atteignent 2 000 {dollars} par mois contre 50 au Liban, laissent un vide : en 2024, la troupe Al-Madina a perdu son metteur en scène star, parti à Abu Dhabi, annulant une saison entière. Cette hémorragie, combinée à l’absence de formation – les écoles de théâtre n’ont plus de finances depuis 2022 – menace de couper les racines d’une scène autrefois florissante.
Les artistes qui restent résistent avec acharnement. En mars 2025, une troupe de cinq comédiens a monté Sirat al-Zaman dans une rue de Bourj Hammoud, jouant pour 70 passants sur un texte écrit en une semaine, sans salaire ni décor. Ces initiatives, portées par une génération de 20-30 ans élevée dans la crise, incarnent une résilience brute, mais elles ne suffisent pas à compenser la perte de savoir-faire et d’infrastructures, laissant le théâtre libanais à la merci d’un abandon progressif.
Un accès élitiste : la jeunesse privée de théâtre
L’accès au théâtre, jadis populaire, est devenu élitiste en 2025, excluant une jeunesse déjà déconnectée d’une tradition en déclin. Avant 2019, un billet coûtait 20 {dollars}, abordable pour la classe moyenne – 40 % de la inhabitants à l’époque. En 2025, avec un salaire moyen de 100 {dollars} et 85 % des Libanais sous le seuil de pauvreté, les 10 {dollars} demandés pour une pièce (1,5 million de livres) représentent un luxe réservé à une élite urbaine – avocats, expatriés, ONG internationales – concentrée à Beyrouth. En 2024, les spectateurs réguliers sont tombés à 5 000 par an, contre 50 000 en 2018, et 70 % ont plus de 35 ans, signe d’une rupture générationnelle.
La jeune génération, née après 2000, découvre peu de pièces contemporaines. En 2025, sur 50 spectacles, 35 sont des reprises ou des comédies légères, faute de fonds pour des créations originales. Les écoles, où le théâtre était un outil pédagogique avant la crise, n’organisent plus de sorties : en 2024, 80 % des établissements publics ont supprimé les activités culturelles, faute de finances – 1 greenback par élève par an contre 10 en 2015. Les initiatives gratuites, comme les performances de rue, attirent des curieux – 200 spectateurs à Badaro le 15 février 2025 – mais leur qualité aléatoire et leur manque de visibilité limitent leur influence. À Tripoli, une pièce sur la guerre civile montée dans un café en janvier 2025 a réuni 30 jeunes, mais sans continuité, ces efforts restent anecdotiques.
Cet élitisme creuse un fossé culturel. En 2025, 62 % des Libanais font encore confiance à l’armée, mais seulement 15 % jugent la tradition « essentielle », selon un sondage de février, une chute liée à son inaccessibilité. Les pièces engagées, comme Harb w Hawa sur la guerre de 2024, touchent une viewers réduite – 40 spectateurs par soir – alors que leurs messages pourraient résonner auprès d’une jeunesse confrontée à l’exode (1,5 million d’émigrés depuis 2019) et à la misère. Privée de théâtre, cette génération risque de perdre un outil de réflexion et de résistance, laissant place à une tradition de survie plutôt que de création.
Une résilience fragile : entre espoir et désespoir
Malgré ces défis, le théâtre libanais refuse de mourir. En 2025, des artistes comme Zeina Daccache continuent d’innover : sa pièce 12 Offended Lebanese, jouée en jail en 2009, a été adaptée en rue à Beyrouth en février, réunissant 100 spectateurs sur des chaises de fortune. Des collectifs comme Kahraba maintiennent des festivals modestes – 10 spectacles en 2024 contre 30 en 2018 – dans des galeries ou des cours d’école, financés par des dons de 1 000 à 5 000 {dollars} through Patreon. Ces initiatives, portées par une communauté de 200 comédiens actifs contre 500 avant 2019, témoignent d’une résilience qui puise dans la mémoire d’un théâtre contestataire, succesful de défier la guerre civile ou l’occupation israélienne (1982-2000).
Mais cette résilience est fragile. La guerre de 2024 contre Israël – 4 100 morts, 15 milliards de {dollars} de dégâts – a détourné l’consideration des bailleurs vers la reconstruction, laissant le théâtre orphelin. L’État, avec un finances culturel de 3 300 {dollars} en 2025, n’offre aucun soutien, tandis que la censure et l’exode des abilities amputent son souffle. En mars 2025, le Métro Al Madina survit à peine, et la rue devient le dernier refuge d’un artwork au bord de l’extinction. Entre abandon institutionnel et sursauts créatifs, le théâtre libanais incarne un paradoxe : une résistance acharnée dans un pays qui semble avoir oublié sa voix.
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